Festival de Cannes «Le Luxembourg est devenu sexy en termes de coproductions»
Le Luxembourg est bien représenté cette année au Festival de Cannes, avec cinq coproductions diffusées. Rencontre au pavillon luxembourgeois avec Paul Thiltges, producteur et gérant de la société Paul Thiltges Distributions.
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- Propos recueillis par Marine Meunier, à Cannes

«L'essentiel»: Cannes c’est aussi l’occasion de mettre en avant le Luxembourg mais également vous inspirer des autres…
Paul Thiltges: Cette année est un peu plus tranquille que d’autres car Paul Thiltges Distributions n’est pas activement à la recherche de nouveaux projets. C’est la première fois que je descends en étant plus président des producteurs, rôle que j’ai exercé durant 30 ans, car j’aimerais travailler en politique. Je viens donc en tant que producteur. Pour moi Cannes c’est l’occasion de rencontrer des producteurs via le pavillon lux, aussi une manière de s’inspirer des autres, regarder des films, voir ce qu’il se fait ailleurs. J’essaie de voir tous les films de la compète.
Vous êtes venu la première fois il y a près de 40 ans, qu'est-ce qui a changé?
Je m'en rappelle, c’était en 1986 ou 1987, beaucoup de choses sont restées les mêmes mais d’autres ont changé, comme la digitalisation. Dans le temps, il fallait aller chercher son ticket, maintenant il y a la billetterie en ligne. C’est plus facile oui, mais il y a aussi ce côté distant qui m’irrite. Moi j’aime bien le cinéma dans une salle, avec 1600 personnes où on savoure un film ensemble.
Vous avez l’occasion de découvrir les plus grands films dont «Jeanne du Barry» de Maïwenn avec Johnny Depp ou encore «Le Retour» de Catherine Corsini, qui ont fait polémique…
Oui, j’ai entendu les critiques de «Jeanne du Barry», par rapport au comportement de Maïwenn (NDLR: qui a agressé Edwy Plenel) et « Le Retour de Corsini». Je trouve qu’il y a une drôle de politisation de notre business. Il y a eu la période «Me too» et on est tous d’accord qu’on ne veut pas de cela sur nos tournages. Mais il y a tellement d’informations qui nous arrivent, qu’on ne sait pas si on doit encore aimer le film ou s'il faut croire ce qui se dit. Il y a 15 ou 20 ans, c’était un peu plus facile.

Certains disent: «on ne peut plus rien faire». Qu’en pensez-vous?
C’est un peu vrai. D’ailleurs, le Covid a déjà un peu secoué le monde à tous les niveaux, l’épidémie a également permis de réfléchir. Il est facile de dire qu’on ne peut plus rien faire, mais il faut faire plus attention. Aujourd’hui, il y a une tendance à mettre des conseillers sur les tournages pour contrôler les comportements. Durant l’épidémie, on avait des «Covid Angels», pour vérifier le port du masque. Les conseillers pour les comportements existent déjà sur certains tournages, pour le moment, cela n’est pas imposé chez nous. À savoir, que dans nos contrats, est inscrit un alinéa sur le bon comportement à adopter sur le tournage. C’est un peu drôle et n’importe quoi quand on y pense mais il y a une certaine assurance.
Avec cinq coproductions cette année, le Luxembourg attire. Comment l’explique-t-on?
Cela fait 15 ans que le Grand-Duché a une loi sur le cinéma qui soutient la coproduction et cela fait 35 ans que l’on fait ce métier, je pense que le pays s’est forgé une réputation. Dans l’industrie du cinéma, quand les gens parlent bien de vous, ils veulent travailler avec vous. Le Luxembourg est devenu sexy en termes de coproductions, on peut le dire.
Existe-t-il une petite rivalité entre vous et les autres producteurs?
On a des règles entre nous un peu implicites, on ne se fait pas de concurrence. On est contents l’un pour l’autre, je suis d’ailleurs très heureux pour Gilles (NDLR: Gilles Chanial, des Films Fauves) qu’il ait trois films en compétition, ce qui est rare pour une même société. On est une petite famille, il y a parfois des jalousies comme dans toutes les familles. Les coproductions restent importantes, on coproduit plus qu’on ne réalise des films 100% luxembourgeois. On ne peut plus faire un film tout seul de son côté, les films indépendants ont besoin de plusieurs coproducteurs.