Connexions ferroviaires – Le Luxembourg «fait tout» pour se désenclaver

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Connexions ferroviairesLe Luxembourg «fait tout» pour se désenclaver

LUXEMBOURG - Bien que situé au «cœur de l'Europe», le Grand-Duché peine à bénéficier de liaisons ferroviaires internationales performantes. Une situation connue qui devrait encore durer…

Malgré la volonté de promouvoir le train au détriment de la voiture, les connexions du Luxembourg vers l'international restent toujours compliquées.

Malgré la volonté de promouvoir le train au détriment de la voiture, les connexions du Luxembourg vers l'international restent toujours compliquées.

L'essentiel/Jean-Michel Hennebert

La décision de la Deutsche Bahn de supprimer, à partir de la mi-décembre, le train IC qui assurait la liaison entre Luxembourg-Ville et Cologne, est le dernier exemple en date qui illustre la situation dans laquelle se trouve le Grand-Duché, depuis des décennies. Vantant auprès de ses partenaires internationaux sa «situation au cœur de l'Europe», le pays n'en demeure pas moins limité pour ses connexions avec l'étranger. Se rendre en Allemagne ou en Belgique relève parfois du sacerdoce en raison des connexions elles-mêmes, mais aussi aux politiques nationales des pays voisins.

«Nous sommes performants au niveau de la Grande Région, mais au-delà, les choses se compliquent», concède une source aux CFL, proche du dossier. Seule exception à cette tendance, la liaison vers Paris qui permet de relier la capitale française au Grand-Duché en environ deux heures. Une réalité que le ministère du Développement durable n'oublie pas de souligner en indiquant que cette «connexion directe en TGV serait encore inexistante aujourd’hui si le Luxembourg n’avait pas investi 145 millions dans le projet». Et la ligne reliant la France et le Luxembourg continuera d'être valorisée, notamment par le doublement de la voie entre Bettembourg et Luxembourg d'ici à 2024. Un projet d'un montant global de 500 millions d'euros.

Amélioration de la connexion vers Bruxelles jugée «indispensable»

Mais l'un des problèmes majeurs pour les usagers des trains luxembourgeois se trouve dans la liaison vers Bruxelles. Véritable serpent de mer, la ligne entre les deux capitales européennes pourrait faire figure de symbole ultime des couacs de connexions entre pays frontaliers. Aux problèmes financiers rencontrés notamment à la SNCB et aux choix politiques réalisés en Belgique s'ajoutent les difficultés liées à la topographie et au bassin de population desservi par cette liaison. Résultat: nombreux sont ceux qui préfèrent faire les 200 kilomètres de trajet en 2h de voiture plutôt qu'en 3h30 de train. Pour tenter de remédier à cet état de fait, le ministère indique que «la SNCB et les CFL sont en train d’analyser si des trains plus performants qui effectueraient moins d’arrêts pourraient être opérés afin de réduire le temps de voyage».

Aucune information sur la nature précise des véhicules ou sur le coût de cette proposition n'a été apportée, même si cette amélioration est jugée «indispensable par ailleurs». La situation n'est pas plus enviable du côté allemand, où la possibilité de relier le Grand-Duché n'est pas perçue comme une priorité stratégique par la Deutsche Bahn. La topographie de la ligne qui traverse l'Eifel, ainsi que la situation politique et économique du Land de Rhénanie-Palatinat ne plaident pas non plus en faveur de lourds investissements. Car depuis le 1er janvier 2010, l'ensemble des sociétés de chemin de fer doivent faire face à la libéralisation du trafic voyageur, voulue par Bruxelles. En d'autres termes, ces entreprises privilégient les lignes rentables au détriment de celles moins fréquentées.

Solution «volontariste» et «de service public»

Au bout de la chaîne se trouvent donc les résidents luxembourgeois, victimes à la fois des faibles distances parcourues avant de franchir une frontière et des politiques nationales de ses voisins. Des décisions qui ne sont pas toujours en accord avec les intérêts des usagers au Grand-Duché. Pour tenter de combler ces vides, le ministère du Développement durable assure qu'«à partir du 14 décembre 2014, le Land de Rhénanie-Palatinat et le Grand-Duché de Luxembourg organiseront et assureront sur leur propre initiative et frais une cadence horaire vers Coblence». Une solution jugée comme «une amélioration nette par rapport à la situation actuelle» qui va se traduire par la mise en place de 19 allers et retours vers Coblence, contre quatre actuellement.

Des liaisons en bus en direction de Sarrebruck sont également mises en place. Une démarche décrite comme «volontariste» et «de service public» par le ministère du Développement durable, qui assure «mettre en œuvre absolument tous les moyens logistiques et financiers afin d’assurer une connectivité maximale avec le service international». Seul hic, cette démarche ne peut fonctionner sans une collaboration étroite avec les pays voisins et une volonté politique commune de favoriser les transports en commun. Et ce, au détriment de la voiture. Un souhait exprimé par la coalition gouvernementale mais qui trouve, actuellement, un écho disparate à l'échelle européenne.

(Jmh/L'essentiel)

Quelques chiffres

Le trafic moyen sur la ligne entre Luxembourg et Koblenz atteint «entre 160 et 180» voyageurs, alors que la liaison entre Luxembourg et Bruxelles est fréquentée par quelque 1 900 personnes quotidiennement, dont une centaine qui se rendent à Namur ou à Bruxelles, selon les chiffres des CFL. Pour de ce qui est de la fréquentation des bus entre Luxembourg et Sarrebrücken, elle a atteint quelque 120 000 personnes en 2013. Pour de ce qui est de la fréquentation de la ligne Luxembourg-Paris, la SNCF, sollicitée par L'essentiel, n'a pas été en mesure d'apporter de chiffres précis.

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