Impôts – Le Luxembourg, paradis fiscal des Allemands?

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ImpôtsLe Luxembourg, paradis fiscal des Allemands?

LUXEMBOURG - Cinq ans après l'affaire «LuxLeaks», le Grand-Duché semble attirer toujours autant les grandes entreprises allemandes souhaitant échapper aux impôts.

Pour de nombreuses sociétés allemandes, le Luxembourg resterait le choix numéro un en matière d'optimisation fiscale.

Pour de nombreuses sociétés allemandes, le Luxembourg resterait le choix numéro un en matière d'optimisation fiscale.

Une enquête menée par des journalistes allemands du quotidien Süddeutsche Zeitung et des chaînes NDR et WDR, révèle que, cinq ans après les révélations de l'affaire «LuxLeaks», 20 des 100 familles les plus fortunées d'Allemagne figurent toujours au registre du commerce luxembourgeois. Preuve en serait que le Luxembourg est toujours le premier choix en matière d'évasion fiscale. Dans le cadre de leurs investigations, les journalistes ont eu l'occasion d'analyser un ensemble de données, notamment des extraits du registre du commerce et on pu parcourir les documents par noms.

En novembre 2014, l'affaire «LuxLeaks» avait mis au grand jour que de nombreuses entreprises internationales réduisaient leur charge fiscale, dans certains cas de moins de 1%, par le biais de la création de sociétés boîtes aux lettres au Luxembourg. D'après les dernières investigations, peu de choses ont changé à cet égard. Interrogé par la SZ, NDR et WDR, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, à la Fiscalité et à l'Union douanière, Pierre Moscovici, a déclaré: «Le Luxembourg demeure avantageux en matière de planification fiscale agressive.» Il a également ajouté que si certains objectifs entrepris conjointement avec le gouvernement luxembourgeois avaient été atteints ces dernières années, cela ne signifiait pas que tout était réglé.

Seulement 0,5% d'impôts

Dans le registre du commerce, on trouve des noms de grandes sociétés allemandes telles que Theo Müller, Alexander Otto, Klaus-Michael Kühne ou encore la famille Reimann. Dans l'article en question, la SZ caractérise les Reimann comme l'une des «dynasties milliardaires allemandes les plus secrètes». Leur groupe comprend des marques telles que Colgate, Clearasil et le café Jacobs.

Au cours de l'exercice 2017, l'entreprise financière JAB Holding gérant les actifs de la famille Reimann aurait dégagé un bénéfice net d'environ 338 millions d'euros grâce au droit fiscal luxembourgeois. La même année, l'entreprise n'aurait versé qu'1,1 million d'euros d'impôts – soit moins de 0,5% – et ce, en toute légalité.

Les révélations de l'affaire «LuxLeaks» avaient déclenché un vif débat sur la scène politique. Au Luxembourg, on promettait de changer la politique fiscale à la suite de l'indignation qu'avait suscitée l'affaire au niveau européen. «Je ne veux pas vivre dans un pays de marchandage. Le Luxembourg ne doit pas être un lieu que les grandes firmes considèrent comme accueillant, parce qu'elles n'y paient pas d'impôts», avait déclaré à l'époque Jean Asselborn, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et européennes, selon qui le pays n'a jamais eu cette intention.

(sw/L'essentiel)

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