Voyage au Mexique – Le pape sur les terres d'un cartel pseudo-religieux

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Voyage au MexiqueLe pape sur les terres d'un cartel pseudo-religieux

Quatrième étape de son voyage au Mexique, François se rend mardi à Morelia, une région déchirée par les violences, qui ont poussé des paysans à former des milices d'autodéfense.

Le pape devrait inciter les jeunes à ne pas céder à la violence des cartel.

Le pape devrait inciter les jeunes à ne pas céder à la violence des cartel.

AFP/Enrique Castro

Le souverain pontife dirigera mardi une messe devant des prêtres et religieuses puis visitera sa majestueuse cathédrale du XVIIe siècle, avant une rencontre avec des jeunes dans un stade. Morelia s'est transformée en forteresse pour la venue de François, avec le déploiement de nombreux policiers et militaires. Dans les rues à l'architecture coloniale, des stands proposent toutes sortes de souvenirs à l'effigie du pape, tandis que certains fidèles campent près de la cathédrale. «On verra si sa visite calmera les choses très laides qui se passent ici, la violence, les enlèvements, les assassinats, les vols», commente Ana Maria Campos, une habitante de 58 ans venue acheter des petits drapeaux célébrant la visite papale.

Le pape devrait exhorter la jeunesse à refuser la violence des cartels, et inviter de nouveau les prêtres à plus d'action dans cet État où les groupes criminels ont mené certaines de leurs actions les plus spectaculaires. Près de la cathédrale où le pape dirigera mardi matin une messe, une grenade avait explosé en septembre 2008 durant une fête nationale, faisant huit morts et 100 blessés, un attentat jamais revendiqué. Fondateur d'un cartel, Nazario Moreno Gonzalez avait rédigé sa propre bible, employant une rhétorique inspirée du christianisme. Moreno, qui interdisait aux membres de son cartel de boire de l'alcool, avait même donné naissance à un culte après l'annonce erronée de sa mort par les autorités à la suite d'une fusillade en 2010. Faussement ressuscité, «San Nazario» a fini par être abattu en 2014 par les autorités.

D'autres cartels pseudo-religieux sont toutefois apparus dans son sillage dont les redoutables «Chevaliers du Temple» qui, sous prétexte de lutter contre l'envahisseur, ont terrorisé la population et même les hommes d'église. En 2013, les autorités ont dû fournir une escorte policière à un évêque menacé de mort. À Apatzingan, ancien fief du cartel, un prêtre portait un gilet pare-balles durant les messes. Exaspérés par l'impunité de ces bandes criminelles, des paysans ont formé des groupes d'autodéfense. Les principaux dirigeants de ce cartel ont fini par être tués ou arrêtés lors d'opérations menées par les forces de l'ordre et ces civils armés. Ces derniers ont été peu à peu intégrés dans la police.

(L'essentiel/AFP)

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