Turbulences sur les marchésLe pétrole plonge de plus de 7%, faut-il faire un parallèle avec la crise de 2008?
Les cours du brut creusent leurs pertes mercredi et ont même cédé jusqu'à quelque 7%, l'effondrement boursier de Credit Suisse, après la faillite de Silicon Valley Bank ayant ravivé les craintes de récession internationale.

Vers 16h55 GMT (17h55 au Luxembourg), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai perdait 7,36%, à 71,75 dollars, après avoir chuté jusqu'à 71,70 dollars, son plus bas depuis décembre 2021.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en avril, cédait 7,57%, à 65,93 dollars, peu après avoir atteint 66,07 dollars, également un plancher depuis plus de 15 mois. Les cours des deux références mondiales ont chuté d'environ 13% depuis vendredi.
«Les investisseurs ont tendance à se retirer des actifs risqués»
Les répercussions de la faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB) continuent «d'affecter les marchés financiers et celui du pétrole», affirment les analystes d'Energi Danmark, «le marché craignant une récession et une baisse de la demande». Pendant les périodes de forte instabilité, «les investisseurs ont tendance à se retirer des actifs risqués comme le pétrole et à investir dans des secteurs plus sûrs», privilégiant ainsi les valeurs refuges, explique Giovanni Staunovo, d'UBS.
Mercredi, les inquiétudes sur la situation des banques se cristallisaient autour des difficultés de Credit Suisse, alors que son premier actionnaire, la Saudi National Bank, a exclu toute montée au capital de la banque en difficulté. L'action de Credit Suisse a enregistré la plus forte chute de son histoire mercredi, emportant sur son passage les autres banques européennes, notamment BNP Paribas, Société Générale ou Commerzbank.
Stocks stratégiques américains
«Ce qui a commencé comme une crise bancaire régionale aux États-Unis s'est soudainement transformé en une crise européenne», affirme à l'AFP Chris Beauchamp, analyste à IG. Les investisseurs voient «des parallèles directs avec les récessions antérieures provoquées par le secteur bancaire, en particulier la crise financière de 2008 qui a des résonances similaires au tumulte financier actuel, une période où le pétrole s'était effondré», avance Stephen Innes, analyste de SPI AM.
Ajoutant aux facteurs baissiers, les stocks commerciaux de pétrole brut aux États-Unis ont encore augmenté de 1,6 million de barils lors de la semaine achevée le 10 mars, selon les chiffres publiés mercredi par l'Agence américaine d'informations sur l'énergie (EIA). Il s'agit de leur dixième progression en onze semaines. Giovanni Staunovo se demande si «le gouvernement américain va lancer un appel d'offres pour reconstituer ses stocks stratégiques», actuellement très bas, pour profiter du prix du WTI désormais bien sous 70 dollars le baril.
Achats opportunistes
L'administration du président Joe Biden avait considérablement puisé dans les réserves stratégiques américaines l'an dernier pour faire baisser les prix du carburant. De même, M. Stauvono interroge: la Chine augmentera-t-elle ses achats de brut elle aussi vu la chute des prix? Le pétrole avait d'ailleurs entamé la séance européenne en progression, après «une avalanche de données macroéconomiques positives» en Chine, premier importateur mondial de brut, souligne Stephen Brennock, analyste de PVM Energy.
Les ventes au détail du pays, principal indicateur de la consommation des ménages, ont enregistré leur premier rebond depuis septembre, signe d'une reprise de l'activité depuis la levée des restrictions anti-Covid. Les analystes de DNB soulignent aussi une augmentation de la production des raffineries chinoises en janvier et février, témoignant également d'une reprise de la demande de carburant.