Richesses mondialesLe PIB est-il encore un indicateur fiable?
L'instrument universel de mesure de la croissance, qui existe depuis 1934, est remis en question à Davos. Fournit-il véritablement un instantané des ressources d'un pays?

Certains intervenants au Forum économique mondial de Davos (Suisse) se demandent si le PIB n'a pas fait son temps.
PIB comme «problème» intérieur brut? Le produit intérieur brut (PIB) est un instrument universel de mesure de la croissance ou de repli d'une économie. Mais certains intervenants au Forum économique mondial de Davos (Suisse) se demandent si cet indicateur n'a pas fait son temps. «Il y a un sentiment grandissant que le type de statistiques que nous avons utilisé par le passé ne fonctionnent tout simplement plus», a expliqué l'économiste britannique Diane Coyle, professeur à l'Université de Manchester.
Elle défend l'idée que de nouveaux critères pourraient être incorporés pour mieux refléter l'évolution des richesses d'un pays, face aux grands décideurs économiques et politiques réunis en Suisse. L'économiste évoque par exemple le capital humain, pour rendre compte entre autres du niveau d'éducation, des infrastructures, de la qualité de l'environnement; ou encore le «capital social», qui permettrait entre autres de jauger si un pays est uni ou divisé.
Un autre mécanisme
Diane Coyle mentionne également le «capital intangible» pour intégrer les données numériques et les brevets. Quantifier la valeur des données numériques est une question urgente, comme le montre l'exemple Wikipedia, souvent utilisé. L'encyclopédie participative en ligne a, dans les modèles comptables traditionnels utilisés pour le PIB, une valeur quasiment nulle. «Nous devons trouver un autre mécanisme pour inclure une part plus conséquente de la population et des paramètres différents pour mesurer le succès d'une nation», a jugé Inga Beale, la patronne du Lloyd's, le marché d'assurance britannique, sur la chaîne CNBC.
Créé en 1934 par l'économiste américain Simon Kuznets pour permettre d'évaluer les progrès des États-Unis dans la sortie de crise après la Grande Dépression, le PIB mesure la valeur totale des biens et services créés à la fin de chaque trimestre et de chaque année. Il rend compte aussi bien de la croissance que de la récession, définie comme deux trimestres successifs de repli. Utilisé universellement, il permet aux pays de se mesurer entre eux. Mais il ne rend pas compte de la répartition des richesses dans un pays.
Signe des temps, les organisateurs du Forum économique mondial ont publié cette semaine une étude mettant en avant un indice de développement inclusif (IDI). Cet indice examine 103 pays sous l'angle du développement, de l'inclusion et de l'équité intergénérationnelle. Sous cet angle, la Norvège se hisse au sommet des pays les plus riches, suivie par l'Islande et le Luxembourg.
(L'essentiel/AFP)