Bande dessinéeLe retour de Blacksad
Après trois ans d'absence, Juanjo Guarnido et Juan Díaz Canales plongent Blacksad dans un road-movie rythmé.

John Blacksad en a vraiment marre de faire le détective. Il aimerait «un boulot tranquille» où «personne ne serait tué». Il rencontre un Texan qui lui propose de conduire une voiture jusqu'à Tulsa. Un job idéal, bien payé! Mais lorsqu'il se fait voler la voiture par Chad Lowell et Abe Greenberg, deux écrivains beatniks, c'en est déjà fini de la tranquillité. Car bientôt, Chad, poussé à bout, tire sur Abe qui meurt sur le coup.
Obligé de fuir, Chad trouve refuge dans un cirque alors que John Blacksad s'est lancé à sa poursuite sur les routes américaines jusqu'à Amarillo. Avec ce tome 5 de la série, Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido entraînent leurs chat-héros dans un road-movie «beat generation» et dans une ambiance qui évoque les meilleurs romans noirs de la littérature américaine.
«Amarillo, c'est deux road-movies en parallèle. L'un avec John Blacksad, le chat-détective, et l'autre avec Chad, le lion-écrivain. Les deux parcours vont finir par se rejoindre et se transformer en course-poursuite jusqu'à la fin de l'album», explique le dessinateur, Juanjo Guarnido.
«Il nous fallait de l'espace pour développer Chad et son entourage, d'où un peu moins d'importance accordée à notre héros Blacksad. Mais John est un mec généreux qui s'en fiche puisque la série porte son nom», dit Juan Díaz Canales, le scénariste.
De nouveaux personnages font leur apparition dans cet album plus léger qui multiplie les clins d'œil à la Beat Generation. Chad Lowell promène ainsi un rouleau identique à celui sur lequel Jack Kerouac a écrit «Sur la route», son témoignage d'une génération désabusée et nihiliste au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. «Nous avons aussi fait d'Abraham Greenberg, un bison, car Allen Ginber, son modèle, fut l'un des premiers beats à se laisser pousser les cheveux. Et Bill Sorrows s'inspire de William S. Burroughs qui était homosexuel. D'où notre choix un peu culotté d'un flamand rose, très dandy», dit Juanjo Guarnido.
«Amarillo» donne aussi dans des couleurs plus lumineuses. «Au-delà des associations simples, comme le soleil (donc la vie) et l'or (la richesse matérielle), le jaune va de pair avec la trahison et la jalousie, très présentes dans cet album», note Juan Díaz Canales.
Un retour réussi pour Blacksad qui pourrait faire l'objet d'une adaptation au cinéma alors que le tome 6 devrait se dérouler à... New York.
Denis Berche
«Blacksad T. 5 - Amarillo». Juanjo Guarnido et Juan Díaz Canales. Dargaud.