AllemagneLe rival d'Angela Merkel joue son va-tout
Sondage après sondage, les sociaux-démocrates menés par Martin Schulz restent largement distancés par les conservateurs de la Chancelière.

Martin Schulz ne parvient pas à ébranler Angela Merkel.
Un seul et unique débat pour relancer le suspens: le social-démocrate Martin Schulz compte déployer tout son talent combatif dimanche soir pour tenter de faire vaciller Angela Merkel. La chancelière est largement favorite en vue des élections du 24 septembre.
Le duel télévisé d'une heure et demie, le seul prévu avant le scrutin, sera retransmis en prime time (20h15) par les quatre plus grandes chaînes. Il devrait être suivi par au moins 20 millions de personnes, soit un tiers de l'électorat.
Si le chef du SPD parvenait à faire sortir de sa réserve l'impassible chancelière, qui «paraît presque intouchable après 12 ans de pouvoir», alors «les trois semaines à venir pourraient être passionnantes», juge le Spiegel. La tâche confine toutefois au miracle.
Sondage après sondage, les sociaux-démocrates restent largement distancés par les conservateurs. Le dernier publié vendredi montrait un écart de 17 points de pourcentage des intentions de vote.
Choc de personnalités
Les deux rivaux se sont préparés en secret avec leurs équipes respectives en répétant le jeu du questions-réponses. Dans l'arène: d'un côté l'hyper-cérébrale Angela Merkel, 63 ans, fille de pasteur protestant de la RDA, qui pèse chacun de ses mots.
De l'autre, le volubile Martin Schulz, de deux ans son cadet. Né, lui, dans l'Allemagne de l'ouest catholique, il aime à se présenter en «homme du peuple» et à rappeler qu'il est un alcoolique repenti, autodidacte ayant quitté l'école sans diplôme.
«Le duel télévisé comme la spontanéité et l'éloquence ne sont pas vraiment les qualités de Merkel, qui paraît un peu revêche. Schulz pourrait en profiter», souligne le patron de l'institut Forsa, Manfred Güllner.
Rituel des questions-réponses
Peut-être consciente de cette faiblesse, la chancellerie a rejeté les propositions des chaînes visant à rendre le débat plus vivant. Les deux candidats se soumettront donc au rituel éprouvé du question-réponse, orchestré par une équipe de quatre journalistes. «Un corset serré» voulu par Angela Merkel, a dénoncé son opposant.
Qu'à cela ne tienne, Martin Schulz affiche une confiance à toute épreuve. «46% des électeurs sont toujours indécis. Je crois qu'on peut tout à fait retourner l'issue du vote», a-t-il déclaré en fin de semaine. «Je ne suis pas nerveux, absolument pas», a-t-il insisté.
Ignorer son rival
Fidèle à sa stratégie, Angela Merkel continue à ignorer superbement son rival et à parier sur son bilan depuis son arrivée au pouvoir en 2005, avec un taux de chômage historiquement bas.
La question de l'immigration, qui l'a fragilisée comme jamais après l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015 et 2016, est repassée au second plan des préoccupations des électeurs. Face à la poussée des populismes dans le monde, l'opinion allemande est inquiète et se sent majoritairement rassurée par l'expérience d'Angela Merkel, et peu incline à changer.
Son challenger, lui, est condamné à l'offensive, même si sa marge de manœuvre est réduite par la forte popularité d'Angela Merkel et le fait que le SPD est partenaire minoritaire de la coalition gouvernementale actuelle. Martin Schulz veut insister sur la justice sociale et le besoin d'investissements publics, dans l'éducation notamment. Là où Angela Merkel est réticente à délier les cordons de la bourse en dépit de généreux excédents budgétaires.
(L'essentiel/nxp/ats)