Bande dessinéeLe tyran que le monde entier a laissé agir
C'est la «vie des grands hommes» version «mauvais garçons». Cette fois, le méchant de l'album de Ptilic et Swysen n'est autre qu'Adolf Hitler.

Après Caligula et Dracula en juin, et en même temps qu'Attila, c'est Hitler qui passe à la moulinette humoristique de Swysen, aidé par le dessin de Ptitluc.
«Cette bande dessinée devrait figurer comme lecture obligatoire dans tous les programmes scolaires», en dit Elie Barnavi, ancien ambassadeur d'Israël en France. Après Caligula et Dracula en juin, et en même temps qu'Attila, c'est Hitler qui passe à la moulinette humoristique de Swysen, aidé par le dessin de Ptitluc. «Dans cette collection que je prépare depuis des années et que je scénarise, je raconte la vie des grands tyrans de l'histoire d'une manière rigolote, mais avec une exactitude historique absolue», dit Bernard Swysen, grand passionné d'histoire et de biographies.
Si la Seconde Guerre mondiale et la Shoah sont le point d’orgue du règne d’horreur d’Hitler, l’histoire a commencé bien avant cela. Pour comprendre comment et pourquoi l’indicible a pu se produire, il faut remonter un peu avant la naissance d’Hitler lui-même, au moment où son père adopte ce patronyme. «Toute l’enfance d’Adolf Hitler, ses choix, ses échecs vont former un homme complexe et vont le mener à son "combat". Convaincu comme beaucoup d’hommes de son temps de la culpabilité des Juifs après la Première Guerre mondiale, il va développer un antisémitisme violent». Recruté par un parti politique en 1919, il se découvre un talent d’orateur qui va lui permettre d’électriser les foules et de les rallier à son parti, malgré les approximations qu’il raconte.
«Lire cette histoire, c'est rester vigilant!»
Le dessin animalier s'est imposé en cherchant comment approcher à la bonne distance un sujet toujours sensible et si proche de nous. Véritable maître en la matière, Ptiluc («Pacush Blues» et «La Foire aux cochons») fait du maître du IIIe Reich un rat. Et les deux auteurs de revenir en cent pages sur ce parcours surréaliste et sur cet enchaînement de circonstances atroces qui ont permis à Hitler d’accéder au pouvoir. Au fil des pages, des histoires plus petites se dessinent en creux, comme celle de Kurt Gerstein, officier nazi qui aura tout fait pour prévenir les forces alliées des camps d’extermination, ou celle de von Gersdorff, résistant au sein du parti nazi.
«J'ai essayé de montrer comment tout un peuple ou presque peut céder à la fascination d'un tel discours. Car les mêmes ressorts de propagande fonctionnent encore dans notre monde sur-informé». Comment Adolf Hitler a-t-il pu arriver au pouvoir, et surtout comment le monde entier l’a-t-il laissé perpétrer ses crimes contre l’humanité? Bernard Swysen s'interroge, nous interroge. «J'ai l'impression que les plus jeunes ont perdu la notion de ligne du temps, qui permet de comprendre tant de choses. Ce récit dense est pour tous les collégiens. Lire cette histoire, c'est rester vigilant!».
«La véritable histoire vraie - Hitler». Ptiluc et Swysen. Dupuis.
(Denis Berche/L'essentiel)