Pédophilie – Les cardinaux suspectés iront au conclave

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PédophilieLes cardinaux suspectés iront au conclave

L'ancien procureur antipédophilie du Vatican a estimé que les cardinaux soupçonnés d'avoir couvert la pédophilie «ont le droit et le devoir» de participer au conclave.

«Le vrai scandale est de n'avoir pas dénoncé les abus. Mais la perception a changé. Le silence est devenu scandale. Et le mérite revient à Ratzinger. Donc, faisons les entrer en conclave (...) Dieu saura utiliser au mieux leur présence au conclave (..) Qui est sans péché jette la première pierre», a ajouté Mgr Charles Scicluna, interviewé dans le quotidien La Stampa de lundi.

Dans plusieurs pays, des catholiques et des associations d'anciennes victimes de prêtres font pression pour que ces cardinaux soient empêchés par leur Église de se rendre à Rome. C'est surtout le cardinal de Los Angeles, Roger Mahony, qui est dans le collimateur, après qu'il a été relevé de l'intégralité de ses fonctions le mois dernier pour avoir protégé dans le passé des prêtres accusés de violences sexuelles.

Démission du cardinal O'Brien

Le cardinal Keith O'Brien, principal ecclésiastique catholique en Grande-Bretagne, a annoncé lundi sa démission de son poste d'archevêque. Il est soupçonné de comportement indécent.
Il avait annoncé en novembre qu'il comptait démissionner de son poste d'archevêque de Saint Andrews et Édimbourg, en Écosse, en mars 2013, lors de son 75e anniversaire. Mais «le Saint-Père a désormais décidé que ma démission prendrait effet aujourd'hui, le 25 février 2013», a déclaré le cardinal dans un communiqué.

«Au vu de mes années de ministère, je remercie Dieu pour tout ce que j'ai pu faire de bien. Pour mes échecs, je demande pardon à tous ceux que j'ai offensés», a-t-il ajouté. Le cardinal O'Brien, 74 ans, est accusé par trois prêtres et un ancien prêtre de comportement indécent, selon le journal britannique The Observer. Mais il conteste ces allégations qui ont été transmises à Rome une semaine avant l'annonce de la renonciation du pape Benoît XVI, le 11 février dernier.

«Je ne me rendrai pas au conclave en personne», a ajouté Keith O'Brien. «Je ne souhaite pas que les médias se focalisent sur moi à Rome, mais plutôt sur le pape Benoît XVI et son successeur».

Conclave anticipé

De son côté, Benoît XVI a émis un décret appelé «motu proprio» pour donner «la possibilité d'anticiper» le conclave. «Je laisse au collège des cardinaux la possibilité d'anticiper le début du conclave une fois constatée la présence de tous les cardinaux, ou de repousser, en cas de motifs graves, le début de l'élection de quelques jours», a indiqué le Saint-Père.

Dans son décret il a rappelé cependant que le délai normal pour la tenue d'un conclave reste au minimum 15 jours et au maximum de 20 jours après le démarrage de la période de «siège vacant».

Confidences sur le «VatiLeaks»

Benoît XVI reçoit par ailleurs lundi la commission qui a enquêté pour lui depuis avril dernier sur le scandale des fuites du «VatiLeaks», a annoncé le Vatican. Les cardinaux espagnol Julian Herranz, slovaque Jozef Tomko et italien Salvatore De Giorgi ont obtenu une audience à 11h00. Cette entrevue survient alors que le Vatican a fustigé samedi avec virulence les allégations de la presse notamment italienne sur les scandales financiers et sexuels dans la Curie romaine, les qualifiant d'«informations fausses» visant à «conditionner» le futur conclave, dans un communiqué publié par la secrétairerie d’État.

Des spéculations ont circulé à la suite d'articles du quotidien La Repubblica (gauche) et de l'hebdomadaire «Panorama» sur l'existence d'un «lobby gay» au Vatican qui aurait pu être l'objet de chantages dans le cadre du scandale «VatiLeaks». Alors que les médias avancent que les révélations sur ce «lobby gay» auraient poussé Benoît XVI à la démission, des sources vaticanes ont ensuite assuré que ce dernier n'a pu être influencé par un phénomène bien connu et datant de bien avant son pontificat, et que seul son affaiblissement l'a conduit à se retirer.

Médias «odieux»

Le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a estimé que «certains cherchent à profiter du mouvement de surprise et de désorientation» après la démission du pape «pour semer la confusion et jeter le discrédit sur l’Église et son gouvernement».

Quant à l'Américain Greg Burke, conseiller de communication de la secrétairerie d’État, il a jugé que les médias «peuvent essayer» d'influer sur le prochain conclave, et «certains peuvent être vraiment odieux».

(L'essentiel Online/ats/AFP)

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