Luxembourg Les clients du groupe Cenaro cherchent à limiter la casse
LUXEMBOURG – Un mois après la faillite du groupe immobilier Cenaro, les familles qui avaient acquis des logements cherchent à faire terminer les travaux ou à être remboursés.
- par
- Nicolas Martin

La faillite du groupe immobilier Cenaro met dans la difficulté des dizaines de familles.
Pour certains, il ne manquait que des finitions, pour d'autres tout, ou presque, restait à faire. Près d'un mois après l'annonce de la faillite du groupe immobilier Cenaro, les dizaines de familles qui avaient acheté un appartement ou une maison à cette société tentent de faire jouer les garanties.
Accusé d’escroquerie, de faux et usage de faux, de détournement de fonds et de faillite frauduleuse, le CEO de Cenaro Christophe Chevallier est toujours en détention préventive. «Nous avons introduit un dossier auprès d'Eurocaution pour la garantie d'achèvement et nous avons pris un avocat», confie Clara*, qui avait acheté en mai 2020 un studio à Esch pour 300 000 euros. Il est encore loin d'être terminé. «Nous voulons nous assurer que l'expertise sera bien faite et que tout sera pris en compte. Par exemple nous avions payé pour le toit qui n'est pas fini», lance Clara, inquiète d'éventuelles malfaçons.
La famille differdangeoise sait, en revanche, que les 2 000 euros de suppléments versés sont perdus. Mais pour d'autres c'est beaucoup plus. «Nous nous réunissons chaque semaine avec les acquéreurs de la résidence», confie Clara qui a appris récemment que son appartement sera bien terminé.

L'essentiel
«C'est à l'assureur de décider»
Chez Eurocaution, garant de 12 projets de Cenaro, ce qui représente environ une centaine de familles, on a «dépassé les 90% de dossiers introduits», assure le CEO Alessandro Rizzo. Certaines peuvent décider de ne pas faire jouer cette garantie pour finir seules ou parce qu'elles n'ont pas intérêt à un remboursement.
Alors que la situation génère son lot d'inquiétude, Eurocaution a rappelé plusieurs points. «C'est à l'assureur de décider selon l'avancée du chantier, s'il y a achèvement ou remboursement du quote-part déjà versé. Sur 12 projets, quatre vont être remboursés», dit-il.
Alessandro Rizzo précise que les terrains, achetés à un autre acteur que Cenaro, ne seront pas remboursés par l'assureur. «Des démarches peuvent être engagées auprès du vendeur du terrain». Les sommes peuvent être conséquentes. Clara, dont le logement sera achevé, ne perdra pas cet argent mais évoque par exemple un coût de 170 000 euros de terrain pour chacune des dix unités de sa résidence eschoise.
Le bâtiment se mobilise, les banques en renfort?
Eurocaution tient enfin à dissiper les doutes concernant la solvabilité de l'assureur et souligne son intention de ne pas laisser «les acquéreurs à l'abandon». Cinq expertises ont démarré, assure Eurocaution. Objectif: analyser le niveau d'achèvement et détecter d'éventuelles malfaçons, plus fréquentes sur des chantiers plutôt houleux. «Il y a une énorme solidarité d'entreprises qui se proposent pour reprendre les chantiers. J'ai dû recevoir une centaine de mails», dit Alessandro Rizzo. Le contexte de ralentissement de l'activité du bâtiment aide un peu. Pour une résidence, un délai d'achèvement de 24 à 26 mois est évoqué. Et on parle de 14 à 18 mois pour une maison. Mais cela dépend forcément de l'avancée du chantier, d'éventuelles malfaçons ou des choix des acquéreurs.
Pour les familles en difficulté, devant payer plus longtemps que prévu un loyer en parallèle de leur crédit, Alessandro Rizzo invite à tenter de trouver un arrangement avec les banques qui peuvent parfois aider. Et les incertitudes, révélées par Paperjam, autour d'une vente de Cenaro Group à un milliardaire quelques jours avant la faillite, ne font qu'accroître le désarroi des acquéreurs.
*Le prénom a été modifié
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