SoudanLes combats s’intensifient, plus de 180 morts en trois jours
Plus de 180 personnes ont été tuées au Soudan, où la lutte pour le pouvoir des deux généraux aux commandes depuis le putsch de 2021 a gagné en intensité.

Plus de 180 personnes ont été tuées au Soudan, où la lutte pour le pouvoir des deux généraux aux commandes depuis le putsch de 2021 a gagné en intensité. Dans le ciel de Khartoum, les avions de l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays depuis le putsch de 2021, tentent de venir à bout des tirs intenses des blindés des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, dit «Hemedti», son second pour le coup d’État devenu depuis samedi son ennemi juré.
Au moins deux hôpitaux de la capitale ont été évacués «alors que roquettes et balles criblaient leurs murs», ont annoncé des médecins qui disent n’avoir plus de poches de sang ni d’équipements pour soigner les blessés. En plus des tirs croisés, qui ont tué trois employés du Programme alimentaire mondial (PAM) au Darfour (ouest), les humanitaires doivent désormais aussi composer avec les pillages, rapporte Save the children. Plusieurs ONG et agences de l’ONU ont déjà annoncé suspendre leurs activités, un coup dur dans un pays où la faim touche plus d’un habitant sur trois.
Implications régionales
Médecins sans Frontières (MSF) raconte avoir accueilli lundi 136 blessés dans son dernier hôpital fonctionnel au Darfour-Nord. «La majorité sont des civils qui ont été pris dans les tirs, dont beaucoup d’enfants», rapporte l’ONG. «Onze sont morts» samedi et dimanche faute d’équipement et de personnel. À Khartoum, depuis le déclenchement des combats samedi, les habitants se barricadent dans leurs maisons. Au-dessus d’eux, des colonnes d’épaisse fumée noire s’élèvent, une odeur de poudre pique les narines et chacun se demande quand l’électricité et l’eau courante reviendront.
À chaque nouvelle frappe aérienne ou tir d’artillerie, parents et enfants sursautent, racontent des familles qui n’ont jamais vu une telle violence dans la capitale d’un pays qui se lançait il y a quatre dans une transition qui se voulait démocratique. Aujourd’hui, tous regardent, depuis leurs fenêtres, passer des blindés ou des miliciens à bord de véhicules civils dont ils ont retiré les plaques minéralogiques. En espérant qu’aucune balle perdue ou éclat d’obus ne vienne frapper leur immeuble. Les rares épiceries ouvertes ont prévenu qu’elles ne tiendraient plus qu’un jour ou deux si aucun camion n’entre pour approvisionner la ville. Plus de 180 personnes ont été tuées, selon l’ONU, et 1.800 au moins blessées. Les belligérants, eux, n’ont jamais communiqué sur leurs pertes.