Au Luxembourg: «Les enfants savent quand il y a un secret dans la famille»

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Au Luxembourg«Les enfants savent quand il y a un secret dans la famille»

LUXEMBOURG - La Commission consultative des Droits de l'Homme (CCDH) a rendu son avis sur le projet de loi qui facilite la connaissance de ses origines.

par
Séverine Goffin

«Un enfant, un ado, adopté, peut se comparer à ses pairs et se poser des questions par rapport à sa propre famille. Une personne atteinte d'une maladie peut avoir besoin des données médicales de son parent biologique, du donneur à l'origine de sa naissance. De futurs parents peuvent s'interroger sur leur propre histoire... Les raisons pour lesquelles une personne voudrait connaître son origine sont extrêmement variées», détaille Max Mousel, juriste de la CCDH.

Ce matin, la CCDH rendait son avis sur le projet de loi portant organisation de l'accès à la connaissance de ses origines, un texte que l'organe consultatif qualifie de «très complexe». Le nombre exact de personnes au Luxembourg étant susceptibles de vouloir connaître leurs origines n'est pas connu «mais on a été informés qu'un nombre relativement élevé de demandes sont introduites chaque année».

«Vers 6-7 ans, ils se demanderont ''d'où je viens?''»

Les accouchements sous X varient entre 1 et 7 par an, tout comme les adoptions nationales. Les adoptions internationales, elles s'élèvent à environ 15 par an. Entre 2014 et 2016, 74 grossesses étaient issues d'un don de sperme et 76 d'ovocyte. À ces données parcellaires s'ajoutent les cas qui ne sont pas visés par le projet de loi, et c'est là une des critiques de la CCDH. «Les enfants nés sous GPA (gestation pour autrui) à l'étranger ne sont par exemple, pas repris dans le texte. Or eux aussi peuvent vouloir savoir d'où ils viennent», souligne Max Mousel.

Sur le fond, la CCDH salue le projet de loi qui prévoit la levée de l'anonymat concernant la GPA, la collecte d'informations concernant les adoptions et qui vise à inciter les mères accouchant sous X à laisser au maximum leurs données, le tout dans remettre en cause la filiation. Mais l'organe consultatif insiste sur le nécessité «d'un accompagnement renforcé de toutes les personnes concernées».

«Un enfant sait quand il y a un secret dans la famille, souligne le psychologue, Gilbert Pregno, président de la CCDH. Un tel secret peut avoir un impact considérable sur une famille. Les enfants ont besoin de racines. Vers 6-7 ans ils demanderont à leurs parents "d'où je viens?". Dans certains cas une partie de l'histoire est manquante. Le texte de loi prévoit que l'accès aux origines soit possible aux 18 ans de l'enfant. Mais je pense que l'enfant et ses parents doivent avoir accès plus tôt à ces données. Pour toutes ces raisons, le service d'accompagnement aura un très grand rôle à jouer pour aider les parents à fournir aux enfants tous les éléments de leur histoire», conclut le psychologue.

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