Procès BommeleeërLes erreurs de l'enquête pointées du doigt
LUXEMBOURG - Près de 30 ans après les faits, le procès Bommeleeër a débuté ce lundi. Une première journée marquée par les arguments de la défense.

Dès le début du procès de l'affaire Bommeleeër, les avocats des accusés, Marc Scheer et Jos Wilmes, anciens gendarmes de la brigade mobile, ont clairement manifesté leurs revendications: ils n’ont demandé ni plus ni moins que l’annulation du procès en raison des nombreuses erreurs qui avaient entaché l’enquête. Me Gaston Vogel, avocat de Marc Scheer, a parlé d’«omissions et d’erreurs historiques et scandaleuses de la part du procureur d’État». Pendant des décennies, les procureurs auraient manqué de poursuivre «les vrais coupables de la série d'attaques» et le procureur tenterait à présent de cacher son incompétence.
Les deux avocats ont ensuite présenté une longue liste d'incidents au cours desquels des preuves importantes avaient disparu et indiqué que le procureur n’avait accordé aucune attention à certains témoignages. 86 des 125 éléments de preuve saisis auraient disparu sans laisser de trace. Dans un rapport à la commission parlementaire, le parquet aurait reconnu que 50 des preuves disparues présenteraient un «lourd fardeau de la preuve».
Aucune date d'audition fixée
Me Vogel a notamment cité un témoin qui avait indiqué que certains des éléments de preuve avaient pendant des années été exposés dans des vitrines en verre dans le couloir de la police criminelle. Ils auraient donc facilement pu être volés. Me Lydie Lorang, avocat de l'accusé Jos Wilmes en est arrivé à la conclusion suivante: «En raison de tous ces échecs, les accusés ont été privés de leur droit de préparer leur défense en tenant compte de tous les faits pertinents. La seule solution adéquate serait donc d’annuler l’audience».
Le premier jour du procès a donné un avant-goût des conditions susceptibles de se produire au cours des trois mois à venir. Au début de l’audience les 90 témoins ont été appelés à la barre pour que leur identité puisse être établie. Pour l’instant, les dates de l’audience des différents témoins n’ont pas encore été fixées. Impossible donc de dire quand le Premier ministre Jean-Claude Juncker et son prédécesseur Jacques Santer, l’ancien ministre de la Force publique, Marc Fischbach, et les deux frères du Grand-Duc Henri, Guillaume de Luxembourg et Jean de Nassau seront entendus.
Michel Thiel/L'essentiel Online