Fermeture à New YorkLes fans de hot-dogs pleurent leur resto fétiche
Les New-Yorkais viennent de perdre le Gray's Papaya, un de leurs établissements préférés, fermé après plus d'un quart de siècle de présence, à Greenwich village.

Gray's figurait dans plusieurs feuilletons indissociables de la Grosse Pomme, dont «Sex and the City» ou «How I met your mother», ainsi que dans le film «Vous avez un message», avec Meg Ryan et Tom Hanks. (photo: AFP)
Victime de l'augmentation des loyers, le Gray's Papaya, qui aurait compté parmi ses fans le rocker Lou Reed, a mis la clé sous la porte. Fini les néons tape-à-l'oeil et les hot-dogs arrosés au jus de papaye à toute heure du jour et de la nuit. La disparition brutale de cet établissement n'est pas un cas isolé: à New York, il n'est pas rare que cafés, bars, restaurants et autres magasins, parfois installés depuis des années, ferment du jour au lendemain, incapables de digérer des augmentations de loyers impressionnantes.
«Je vais regretter ses hot-dogs à minuit», confie Peter Coleman, un acteur de 28 ans habitué de la faune noctambule qui défilait à Gray's Papaya, situé à l'angle de la 6e avenue et de la 8e rue. Sa formule «spéciale récession», deux hot-dogs et un soda, régalait les affamés pour 4,95 dollars. «C'est triste de voir un autre lieu essentiel du quartier marcher sur les pas de Ray's Pizza», ajoute Coleman, qui travaille dans le quartier et regrette encore la pizzeria qui a fermé ses portes il y a environ deux ans.
Boom immobilier
Enfants, jeunes en fin de nuit, New-Yorkaises en talons aiguille, SDF comptant leurs pièces, tous venaient y acheter hot-dogs et boire le jus de papaye qui a donné son nom à l'établissement, ouvert 24 heures sur 24. Gray's Papaya était aussi un «must» pour de nombreux touristes. Ils y venaient autant pour la nourriture que pour l'ambiance et le décor, à savoir des fruits en papier mâché accrochés au plafond et des dictons désopilants inventés par le fondateur de l'enseigne.
Gray's figurait dans plusieurs feuilletons indissociables de la Grosse Pomme, dont «Sex and the City» ou «How I met your mother», ainsi que dans le film «Vous avez un message» avec Meg Ryan et Tom Hanks. Le propriétaire des lieux, Nicholas Gray, a confirmé que la fermeture était due à l'augmentation du loyer mensuel. «Ils voulaient le faire passer de 30 000 à 50 000 dollars», a-t-il expliqué dans la presse locale. Les fans se consoleront peut-être de savoir qu'il reste le Papaya de Manhattan.
La faute à l'ancien maire?
Un journaliste new-yorkais, Jeremiah Moss, a listé les cafés, restaurants et magasins disparus ces dernières années en raison de la hausse des loyers. «6926 années d'histoire de la ville» ont ainsi été perdues depuis 2001, affirme-t-il sur son blog Vanishing New York (le New York qui disparaît). Jeremiah Moss en attribue la responsabilité à l'ancien maire de la ville, Michael Bloomberg. Le temps qu'il a passé à ce poste, qu'il a quitté le 31 décembre dernier, correspondent à une période de boom de l'immobilier et d'inégalités croissantes. Pour le journaliste, cela a été douze ans de destructions sans merci et de pertes parfois significatives mais aussi, très souvent, celles de petits commerces comme les laveries de quartier, cordonniers, pharmacies, explique-t-il sur son blog.
Parmi les disparitions recensées en 2013, Big Nick's, spécialisé dans les pizzas et hamburgers, dont le loyer dans l'Upper West side devait passer de 42 000 à 60 000 dollars mensuels, et le magasin de disques Bleecker Bob's Records, après 46 ans de présence à Greenwich Village. Et en 2014, le célèbre Oyster bar, a fermé après 55 ans d'activité. Sur la vitrine, le patron a affiché qu'il devait fermer «en raison du prix exorbitant du loyer». Autre victime, la boutique de vêtements de Chelsea Camouflage, née il y a 38 ans. Elle n'a pu survivre au triplement de son loyer, passé de 7 000 à 24 000 dollars mensuels.
(L'essentiel/AFP)