Inde ravagée par le CovidLes Indiens du Luxembourg «se sentent mal»
LUXEMBOURG/INDE - En dix ans, la population indienne au Luxembourg a été multipliée par six. Tous sont inquiets face à la situation dramatique de leur pays d’origine.

«J'ai perdu ces derniers jours ma sœur là-bas, en raison de la pénurie d'oxygène», explique Sudhir Kumar Kohli, président honoraire et fondateur de l'Indian Business Chamber of Luxembourg.
En 2011, ils n’étaient encore que 569 au Luxembourg. Au 1er janvier 2021, le Statec en recensait 3 125. La population indienne au Luxembourg est en forte croissance et la situation dramatique liée à la pandémie dans leur pays, où plus de 200 000 personnes, déjà, sont mortes du Covid, frappe en plein cœur ces expatriés.
«Les gens ici cherchent comment aider. J'ai perdu ces derniers jours ma sœur là-bas, en raison de la pénurie d'oxygène», explique Sudhir Kumar Kohli, président honoraire et fondateur de l'Indian Business Chamber of Luxembourg, installé au Grand-Duché depuis 40 ans. Désormais retraité, il évoque aussi le manque de lits pour les soins. «La situation était sous contrôle mais elle s'est aggravée en début d'année avec l'arrivée du variant anglais. Et les regroupements liés notamment aux élections ont pesé lourd. Les Indiens du Luxembourg ont peur pour leurs familles», poursuit-il.
Campagne de dons
Cette semaine dans son rapport hebdomadaire le ministère de la Santé luxembourgeois a annoncé que trois cas du soi-disant "double mutant" ou "variant indien" B.1.617 ont été détectés au Grand-Duché. Tous liés à des voyages.
Sudhir Kumar Kohli exclut dans la situation actuelle, de retourner dans son pays d’origine et estime qu’il faudrait imposer «une quarantaine d'au moins dix jours aux gens de retour d'Inde».
L'Indian Association Luxembourg a, de son côté, lancé une campagne de dons pour aider le pays à faire face. «Ma mère vit en Inde et, heureusement, elle est déjà vaccinée, comme la plupart de ma famille élargie maintenant», souligne Kalyani, employée chez Amazon au Grand-Duché. «Mais ce n’est pas le cas de tous les États, heureusement au Madhya Pradesh, l’État a été plus proactif. Ce sont les grandes villes comme Mumbai et Delhi qui sont durement touchées». Elle assure qu'«il y a une forte mobilisation - nous avons un groupe d’employés au Luxembourg qui se soutiennent mutuellement et tout le monde partage les liens vers les endroits où nous pouvons donner de l’oxygène et d’autres fournitures. Les gens contribuent à plusieurs ONG».
«Nous recevons chaque jour des nouvelles inquiétantes de notre cercle d'amis. Il y a des mouvements pour aider l’Inde dans ces temps difficiles», confie Sahil Goel, employé chez Post Technologies à Luxembourg et originaire de la ville de Karnal dans le Nord. «Comme tous les Indiens partout dans le monde on se sent mal», confirme le président de l'Indian Association Luxembourg, Selvaraj Alagumalai.
(Nicolas Martin/L'essentiel)