Bande dessinée: Les lecteurs de Spirou deviennent les héros

Spirou n’en finit pas de se décliner en nouvelles aventures et nouvelles séries. La dernière en date, «Les amis de Spirou», présente la grande originalité de mettre en avant les lecteurs et non pas le groom lui-même. «J’ai voulu me démarquer de ce qui existe déjà», explique JD Morvan, l’un des scénaristes. Les héros sont de jeunes enfants qui attendent chaque semaine la publication du Journal de Spirou.

Le premier tome de cette nouvelle série a pour cadre le Bruxelles de la Seconde Guerre mondiale, au moment où le fameux journal ne peut plus paraître. Les enfants, qui ont tous pris pour surnom des blazes en référence à Spirou (Spip, Valhardi, etc.), dénoncent cette injustice et mènent de véritables actions de résistance. «Je voulais montrer qu’il y avait tellement de restrictions que même la fin de Spirou pouvait faire réagir les gens», reprend l’auteur.

À leur niveau, les enfants s’organisent. Toujours inspirés par leurs héros, ils ont l’idée de réaliser une gazette dessinée à distribuer clandestinement, donc dangereusement. La véritable instigatrice est Spirouette, une jeune Juive dont les parents viennent d’être raflés. «À l’époque, il y avait plein de personnages féminins dans les BD. Ils ont été hélas oubliés par la suite et le genre est devenu masculin après-guerre», analyse JD Morvan.

L’insouciance des enfants contraste avec le contexte dramatique de l’Occupation de la Belgique. L’ensemble est bien sûr sombre, mais le récit est aéré par de nombreux moments drôles et humains. «Même dans ce contexte, il y a toujours de petites lumières, qu’il faut souligner», décrypte l’auteur. Comme Emile Bravo avant lui («L’espoir malgré tout»), JD Morvan a placé l’univers de Spirou dans le contexte de la guerre. «Spirou peut aller partout», sourit-il. Le premier tome de la nouvelle série le prouve largement.

• «Les amis de Spirou. Tome 1, Un ami de Spirou est franc et droit». JD Morvan, Evrard et Ben BK. Dupuis, 14,95 euros.