Défaut de conception?Les nouveaux Boeing Cargolux pas sûrs?
LUXEMBOURG - La compagnie aérienne luxembourgeoise fait face actuellement à de gros problèmes avec ses nouveaux 747-8F. Un problème de sécurité critique qui toucherait les moteurs.

Cargolux exploite actuellement cinq Boeing 747-8F, appareils incriminés par les autorités aériennes américaines pour un problème de réacteur.
«Nous avons de gros problèmes avec le Boeing 747-8F, indique une source anonyme travaillant au sein de Cargolux. Il est difficile de savoir si c'est un défaut de conception». La malchance semble donc s'acharner sur Cargolux. Alors que les bruits courent actuellement sur une éventuelle externalisation de la maintenance des avions et que les tensions se multiplient avec son partenaire Qatar Airways, la première compagnie de fret européenne se bat en plus avec des problèmes techniques sur ses nouveaux appareils, des Boeing 747-8F, selon des informations de L'essentiel Online.
Une alerte de l'administration américaine de la sécurité aérienne (NTSB), publiée le 14 septembre dernier, dans une «procédure d'urgence en lien à un problème de sécurité», faisait état d'un problème sur les moteurs GEnx-1B et GEnx-2B construits par General Electric, installés sur les Boeing 747-8F. Une alerte urgente qui a fait suite à la survenue de deux incidents sur des appareils identiques au cours desquels le réacteur a été endommagé lors du décollage. Selon les informations de la NTSB, les deux cargos qui se trouvaient pour l'un en Caroline du Sud et à Shanghai pour l'autre, ont été victimes d'une perte de puissance alors qu'ils se trouvaient sur la piste de décollage.
Analyse des réacteurs des cargos non prioritaire
Les analyses des deux incidents ont révélé, dans les deux cas, que l'axe de la turbine s'était rompu, entraînant des dommages internes considérables dans l'ensemble du réacteur et entraînant la panne de moteur signalée. L'enquête des autorités américaines a également découvert plusieurs fissures sur la pièce défaillante sur les deux appareils signalés. Une défaillance étonnante au vu du nombre d'heures de vol des deux cargos, ainsi que le faible laps de temps entre les deux incidents.
Résultat: la NTSB recommande une inspection obligatoire supplémentaire des réacteurs incriminés, examens par ultrasons à intervalles réguliers afin de déterminer d'éventuelles apparitions de fissures à un stade précoce. De son côté, General Electric, fabricant des réacteurs, a modifié son processus de fabrication et évoque un problème de corrosion comme origine des deux pannes. Craignant une défaillance simultanée sur les Boeing 787, appareils équipés uniquement de deux réacteurs, les contrôles ont débuté en priorité par ces appareils, avant d'être étendus aux 747-8 transportant des passagers. Reste désormais à s'intéresser aux cargos.
«Aucun impact sur les opérations»
Cargolux exploite actuellement cinq avions de type 747-8F équipés de moteurs GEnx-2B. Pour le moment, aucun incident de ce type n'a été signalé. Selon Martine Scheuren, porte-parole de Cargolux, tous les appareils de la compagnie ont d'ores et déjà été soumis aux examens approfondis demandés par les autorités américaines. «Il n'y a pas eu d'impact sur la disponibilité opérationnelle des avions».
Le directeur de l’administration de l'aviation civile (DAC), Claude Waltzing, confirme: «Cargolux a suivi toutes les procédures requises par le constructeur et les autorités étrangères». Une approche normale, selon Waltzing, qui explique que de telles notes de sécurité sont automatiquement reprises par l'Agence européenne de la sécurité aérienne AESA et doivent être respectées par les compagnies aériennes, ce qui aurait été le cas chez Cargolux: «Nous leur faisons entièrement confiance dans ce contexte. D'ailleurs nous faisons des contrôles réguliers».
Une question intéressante qui se pose dans le contexte des spéculations récentes à propos d'une délocalisation des services de maintenance de Cargolux: la DAC garderait-elle son pouvoir de contrôle dans un tel cas? Selon Claude Waltzing, la question ne se pose pas de cette façon: «De toute manière, un certain nombre de travaux de maintenance devront toujours être faits au Findel». Cela concernerait entre autres les travaux visés par les régulations «part M» de la AESA, qui incluent également les inspections de sécurité.
Michel Thiel/L'essentiel Online