Pas d'accord sur le déficitLes Pays-Bas vont-ils perdre leur triple A?
Après l'échec samedi des négociations sur la réduction du déficit public néerlandais, les Pays-Bas risquent, selon les analystes, de perdre leur précieux triple A.

Les Pays-Bas font partie (avec l'Allemagne, la Finlande et le Luxembourg) des quatre pays de la zone euro bénéficiant du triple A.
«Toute cette histoire va coûter aux Pays-Bas leur triple A», assure Arnold Heertje, ancien professeur d'économie politique à l'université d'Amsterdam : «les taux d'intérêt sur le marché obligataire vont augmenter». «Les marchés vont devenir très nerveux», prédit de son côté Sylvester Eijffinger, professeur d'économie à l'université de Tilburg (sud), cité par l'agence de presse néerlandaise ANP : «nous suivons les pas de la France et l'Autriche».
Les Pays-Bas font partie, avec l'Allemagne, la Finlande et le Luxembourg, des quatre pays de la zone euro bénéficiant de la note maximale de leur dette souveraine auprès des trois agences de notation, Standard & Poor's, Fitch et Moody's.
La France et l'Autriche bénéficiaient jusqu'il y a peu des mêmes notations, mais avaient perdu le 13 janvier leur triple A auprès de l'agence Standard & Poor's.
Des négociations entre la coalition minoritaire de centre droit au pouvoir aux Pays-Bas et son allié à la chambre basse du parlement, le parti d'extrême droite PVV, ont échoué après le départ samedi du chef de file du PVV Geert Wilders de la table des négociations. Les pourparlers en cours depuis le 5 mars devaient permettre de dégager 16 milliards d'euros d'économies pour 2013 afin de respecter les normes de la zone euro en matière de déficit public, soit 3%. L'échec de ces discussions devrait probablement entraîner la tenue d'élections législatives anticipées, empêchant le gouvernement de mettre en place le vaste programme de coupes budgétaires prévues lors de son entrée en fonction, en octobre 2010.
«Les Pays-Bas restent l'un des pays les plus fiables»
La chute du gouvernement serait «un désastre pour l'économie des Pays-Bas autant au niveau de la note AAA qu'au niveau de "l'économie réelle"», selon M. Heertje, qui évoque une augmentation du chômage, une baisse de la croissance et une baisse des investissements. «Cela ne veut pas dire que nous allons devenir comme l'Italie en un seul coup, mais il faut vite une vision claire sur la manière de remettre de l'ordre dans les finances publiques», estime l'économiste Sweder van Wijnbergen, cité par l'ANP.
Ancien économiste pour le Bureau central néerlandais des statistiques (CBS), Thomas Cool juge pour sa part qu'il est impossible de «prévoir ce qu'il va se passer» une fois le triple A perdu. Il estime toutefois que la notation de la dette souveraine néerlandaise auprès des agences de notation «n'est pas vraiment importante». «Les Pays-Bas restent l'un des pays les plus fiables, comparé à la Grèce ou à l'Espagne», soutient-il: «il ne s'agit pas tellement de la note en soi mais de la position d'un pays par rapport aux autres joueurs de la zone euro».
(L'essentiel Online/AFP)