Reines de beautéLes Philippines, le pays où l'on fabrique des «Miss»
À l'image des deux Miss Univers originaires du pays, des milliers de jeunes femmes rêvent de concours de beauté. Les Philippines en ont fait une spécialité nationale.

This photo taken on January 29, 2019, shows aspiring beauty queen stretching before the start of the "duck walk" practice at a beauty boot camp in Manila. - Rodgil Flores casts a stern glance at each of two dozen young women in bikinis as they stride across a mirror-walled studio in a "duck walk", the signature move that turned the Philippines into a beauty pageant juggernaut. (Photo by Noel CELIS / AFP) / TO GO WITH: Philippines-beauty-bootcamp, by Cecil MORELLA
Rodgil Flores jette un oeil sévère sur sa petite troupe de jeunes femmes en bikini s'escrimant à prendre la pose dans l'un des studios tapissés de miroirs où se fabriquent les «Miss» de concours de beauté dont les Philippines se sont fait une spécialité. Juchées sur 17 cm de talons, les apprenties reines de beauté se déhanchent sur de longues foulées, un exercice difficile mais essentiel pour pouvoir évoluer ainsi de manière naturelle le jour du concours.
«Pour la couronne. Pour le pays», voilà la devise du studio Kagandahang Flores (Flores Beauté) que Rodgil Flores, 50 ans, a fondé en 1996. C'était le premier des «beauty boot camps» («camps d'entraînement à la beauté») qui ont fleuri depuis aux Philippines. Avec le couronnement en décembre 2018 comme Miss Univers de Miss Philippines, Catriona Gray, le pays a remporté ce titre pour la quatrième fois. CatrionaGray, comme Pia Alonzo Wurtzbach couronnée Miss Univers en 2015, s'étaient entraînées dans ce type de «camps».
Longues journées
Les concours de beauté sont extrêmement populaires dans l'archipel. Les plus de 100 millions d'habitants y voient l'occasion d'oublier un peu la pauvreté, les catastrophes naturelles et la corruption endémique qui affligent le pays. Gagner un titre de Miss peut ouvrir tout grand les portes de la publicité, du cinéma ou des défilés de mode. Les «camps» de Manille constituent une ligne de production efficace. Issues du circuit local des concours de beauté, les élèves y affinent leur savoir-faire pour viser plus haut. La Miss Philippines 2019, Melba Ann Macasaet, âgée de 25 ans, a pris un congé sans solde de son travail de pharmacienne pour venir chez Rodgil Flores.
«Je participe à des concours depuis l'âge de 15 ans», raconte-t-elle, «je crois que chaque participante à un concours rêve de pouvoir essayer de faire ça». L'entraînement a lieu six jours par semaine et les séances durent souvent jusqu'à minuit. Il comprend entre autres des séances de gymnastique, des leçons de maquillage et des cours pour apprendre à répondre à des questions complexes. Au dernier concours de Miss Univers, les participantes ont été interrogées sur le mouvement #MeToo, la légalisation de la marijuana ou la crise des réfugiés dans le monde. Chaque année, quelque 200 élèves se pressent au studio de Rodgil Flores. L'entraînement est gratuit pour les citoyennes du pays, recrutées en général dans les concours de beauté provinciaux.
(L'essentiel/afp)