Contre le mariage pour tous«Les prières dans la rue sont interdites»
Le sénateur PS de Mayotte, Thani Mohamed Soilihi, s'est étonné jeudi lors du débat sur le mariage gay au Sénat d'avoir entendu des prières aux abords du Palais du Luxembourg.

«Je m'étonne d'avoir entendu des membres de l'organisation Civitas (NDLR: intégristes catholiques) prier devant l'entrée de notre assemblée, alors même que les prières de rue sont interdites depuis le 16 septembre 2011, au nom du principe de laïcité», a déclaré M. Mohamed Soilihi, lors de la discussion générale sur le projet de loi. «Cette interdiction ne saurait s'appliquer qu'aux musulmans de ce pays, au nom cette fois-ci du principe d'égalité», s'est-il exclamé.
L'ancien bâtonnier de Mayotte a plaidé en faveur du mariage gay soulignant qu'il est élu d'un département d'outre-mer où 95% de la population est de confession musulmane. «La diversité sociologique, géographique, culturelle et religieuse des outre-mer est une réalité. Pour autant elle ne doit pas servir de prétexte pour se soustraire aux avancées sociales de notre pays», a-t-il lancé. «Il ne peut y avoir de rupture du pacte républicain entre la France et les outre-mer, surtout pas quand il s'agit des libertés, nous avons tant lutté pour cela», a-t-il poursuivi.
«Contradiction totale avec la société mahoraise»
D'autres sénateurs PS ou apparentés PS d'outre-mer sont montés au créneau jeudi pour défendre le mariage homo tels Jean-Étienne Antoinette (Guyane) et Serge Larcher (Martinique). «Il semblerait qu'on ait voulu faire de nos territoires les bastions symboliques de la résistance au mariage pour tous, les citadelles imprenables de la défense des valeurs dites traditionnelles», a déclaré M. Larcher. Or, «il n'y a pas de fait ultramarin s'agissant de ce texte», a-t-il affirmé, indiquant que les manifestations des opposants «n'ont pas mobilisé grand monde».
A contrario, le sénateur UMP de Mayotte, Abdourahamane Soilihi, a désapprouvé «avec force ce texte qui est en contradiction totale avec la société mahoraise». Il a indiqué que «la société mahoraise traditionnelle fonctionne sur les principes basés sur la matrilinéarité qui privilégie la filiation dans la lignée maternelle et la matrilocalité, qui favorise la résidence de la famille chez la mère».
(L'essentiel Online/AFP)