Les réfugiés kosovars vivent avec la peur au ventre
LUXEMBOURG – Un premier charter de réfugiés kosovars a été affrété tôt jeudi. C’est également dans la matinée que l’UNEL et Déi Jonk Lénk ont tenu à dénoncer les agissements du gouvernement.
«Au Luxembourg, il y a deux poids, deux mesures pour les réfugiés», commente d’emblée Claude Frentz des Jonk Lénk.
En effet, comment Eldin Durovic, bosniaque du Kosovo- interrogé mercredi par nos confrères du Quotidien -, peut-il être sur le point de se faire expulser alors qu’une jeune femme arrivée le même jour que lui au Luxembourg a obtenu le statut de réfugiés en tout juste quatre mois?
Débarqué au Grand-Duché le 15 septembre 2006, Eldin Durovic, 22 ans, devait accompagner l’UNEL et Déi Jonk Lénk auprès des journalistes jeudi.
Mais ayant appris qu’un charter était prêt à décoller dans la journée pour le Kosovo, le jeune homme de 22 ans a préféré renoncer.
Après avoir vécu la peur au ventre pendant près de sept ans dans sa ville natale de Pec (à l’est du Kosovo près de la frontière monténégrine), le jeune Bosniaque ne fait plus un pas sans regarder derrière lui. Cette fois ce ne sont pas les coups qu’il évite mais la police.
Considéré comme
un traître parmi les siens
«Je ne peux pas retourner au Kosovo, ma vie est en danger là-bas», a-t-il expliqué jeudi par téléphone. «Entre 1999 et 2006, j’ai été tabassé quatre fois en public sans que personne ne lève le petit doigt.
La dernière fois, mes agresseurs – des voisins - m’ont clairement fait savoir que s’ils me retrouvaient sur leur chemin ils me tueraient», poursuit-il.
Considéré comme un traître au sein de sa propre communauté sous prétexte que son frère a été incorporé de force dans l’armée serbe, Eldin Durovic avait pourtant tout pour réussir sa vie au Kosovo.
Au Luxembourg
avec toute sa famille
Diplômé en kinésithérapie, il vivait dans sa propre maison et avait sa propre voiture. «Aujourd’hui, la seule chose qui m’empêche de rentrer au Kosovo c’est la peur de mourir», confesse-t-il.
Le pire dans tout ça c’est que son frère, justement, a été accueilli à bras ouverts par le Luxembourg en 2003 après avoir quitté l’armée serbe et qu’aujourd’hui c’est toute la famille Durovic qui est réunie ici, les parents compris.
Alors qu’Eldin Durovic ne rêve que d’une vie sûre et simple, c’est aujourd’hui avec la peur au ventre qu’il attend le moment fatidique où la police grand-ducale lui tombera dessus pour l’envoyer dans le premier charter vers le Kosovo
Patrick Théry / lessentiel.lu