Aux Philippines – Les secours s'organisent, l'armée mobilisée

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Aux PhilippinesLes secours s'organisent, l'armée mobilisée

Les autorités peinaient lundi à apporter de l'aide au centre des Philippines, ravagé par un puissant typhon, alors que s'accroît le désespoir des rescapés, acculés au pillage.

L'ampleur des dégâts émergeait peu à peu, quatre jours après le passage de Haiyan, dont les autorités craignent qu'il ait causé la mort de milliers de personnes. Des vents dépassant les 300 km/heure et une succession de vagues géantes ont détruit des zones entières, notamment sur les îles de Leyte et Samar. Très affaibli, le typhon a touché terre lundi matin au Vietnam où plus de 650 000 personnes avaient été évacuées préventivement. Trois personnes étaient portées disparues. À Hanoï, les habitants s'apprêtaient à affronter des pluies violentes et des inondations. Dans les régions côtières, des dizaines de milliers de personnes ont été priées de trouver refuge à l'intérieur des terres.

Le typhon devrait continuer à progresser vers le nord avant de se dissiper rapidement. Aux Philippines, des centaines de militaires et policiers sont entrés lundi à Tacloban, ville côtière du centre de l'archipel, où les pillages et la violence menaçaient d'entraver l'aide d'urgence. Les secours s'efforçaient d'acheminer tentes, vivres et matériel médical mais leur travail était rendu difficile par le climat de tension régnant dans cette ville de 220 000 habitants livrée aux «pillards de la faim». Des magasins d'alimentation et un convoi de la Croix-Rouge ont été attaqués. «Les policiers locaux font partie des victimes», a expliqué le porte-parole de la police nationale, Reuben Sindac. «Certains d'entre eux ont aussi des familles affectées» par le typhon. «Nous ne savons même pas combien (de policiers) sont morts», a-t-il souligné.

Près de 4 millions d'enfants victimes du typhon?

Près de l'aéroport dévasté de Tacloban s'étirait une longue file de rescapés, qui ont parcouru des kilomètres dans la boue et les débris pour parvenir sur les lieux où, espèrent-ils, seront distribués des secours. «Nous voulons de l'eau et des médicaments pour les blessés. Pouvez-vous l'organiser pour nous? Ne laissez personne venir ici juste pour nous regarder souffrir, nous ne voulons pas de ça», a dit une rescapée, Joan Lumbre Wilson. Les autorités s'inquiétaient par ailleurs de l'arrivée d'une dépression tropicale vers le sud et le centre de l'archipel, qui pourrait apporter de nouvelles inondations. Elle est attendue sur le sud mardi, avant de se diriger vers le centre.

Selon l'Unicef, jusqu'à 4 millions d'enfants philippins pourraient être touchés par les conséquences du typhon. Lundi, les secouristes et les journalistes regroupés à l'aéroport dévasté de Tacloban ont assisté avec émotion à la naissance d'une petite «Bea Joy», baptisée ainsi en mémoire de sa grand-mère emportée par les flots. «Nous nous dépêchons d'envoyer des secours essentiels aux enfants, qui sont les premières victimes de cette crise», a déclaré le représentant de l'agence de l'ONU pour l'enfance, Tomoo Hozumi. «Mais atteindre les zones les plus touchées est très difficile. Nous travaillons 24 heures sur 24». Le nombre des morts restait lundi difficile à déterminer, en raison du chaos provoqué par la tempête et de l'isolement de plusieurs endroits, dont on reste sans nouvelle.

«On n'avait jamais connu une tempête de cette intensité»

Un haut responsable de la police de Tacloban, Elmer Soria, a évoqué dimanche le nombre de 10 000 morts sur Leyte. Sur Samar, point d'entrée du typhon, 300 décès sont confirmés dans la petite ville de Basey, et 2 000 personnes sont portées disparues dans toute l'île, selon Leo Dacaynos, membre du conseil de gestion des catastrophes. Des dizaines de morts ont également été annoncées dans d'autres villes et provinces ravagées par le super typhon, qui s'avançait sur un front de 600 kilomètres. Face à l'ampleur de la catastrophe, plusieurs pays et organisations, dont les États-Unis, l'Union européenne et les Nations unies, ont proposé leur aide financière ou matérielle.

Haiyan est considéré comme un des typhons les plus violents à jamais avoir touché terre. De catégorie 5 lorsqu'il a frappé les Philippines vendredi, à l'aube, son intensité avait faibli à la catégorie 1 à son arrivée au Vietnam. Pour le ministre de l’Énergie, Jericho Petilla, les autorités n'avaient pas les moyens matériels et humains suffisants face à un typhon d'une telle puissance. «On n'avait jamais connu une tempête de cette intensité. Vous pouvez prendre autant de mesures préventives que vous voulez, elles ne serviront pas à grand-chose face à quelque chose d'aussi violent», a-t-il déclaré à la chaîne ABS-CBN. Norman Cheung, un expert à la Kingston University de Londres, dénonce de son côté des problèmes structurels d'urbanisme et de construction. «Les pertes (humaines) catastrophiques s'expliquent principalement par la mauvaise qualité du matériel de construction et de la construction elle-même», affirme-t-il.

(L'essentiel Online/AFP)

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