PolémiqueLes symptômes de Covid long, surtout dans la tête?
Selon une étude qui fait polémique, le Covid long serait surtout d'ordre psychologique, sans lien avec la réalité d'une infection au virus.

Le Covid long se caractérise par la persistance de symptômes chez un patient atteint des mois plus tôt par le Covid-19.
Le Covid long a-t-il d'abord des ressorts psychologiques? Une récente étude le suggère mais suscite la colère des patients ainsi que de nombreuses critiques scientifiques sur sa méthodologie, une polémique qui souligne surtout combien ce trouble reste flou et mal défini.
Le Covid long se caractérise par la persistance de symptômes chez un patient atteint des mois plus tôt par le Covid-19, y compris par des formes légères.
25 000 personnes suivies
Or, ces symptômes «pourraient le plus souvent être associés au fait de croire avoir été infecté» au coronavirus, avance une étude publiée en début de semaine dans le Journal of the American Medical Association (Jama), l'une des principales revues médicales mondiales.
Autrement dit, le Covid long serait surtout d'ordre psychologique, sans lien avec la réalité d'une infection au virus, et donc avec des séquelles physiologiques. L'étude, coordonnée par Cédric Lemogne, chef du service psychiatrie de l'Hôtel-Dieu à Paris, s'est intéressée à environ 25 000 personnes suivies pendant des mois par les autorités françaises de santé publique pour évaluer de multiples effets du Covid.
Un lien
D'un côté, ces personnes ont répondu à des questionnaires, à la fois pour dire si elles ont été malades et si elles ressentent toujours des symptômes longtemps après. De l'autre, la réalité de leur maladie a été mesurée par des tests sérologiques qui permettent de confirmer ou non une infection a posteriori.
L'étude conclut que la plupart des symptômes associés au Covid long sont bien plus associés au fait de se dire ancien malade qu'à celui d'avoir été testé positivement, même si ces deux situations se recoupent logiquement beaucoup.
Colère des associations
Chez les patients qui se plaignent de symptômes durables, il faut donc chercher à «identifier des mécanismes cognitifs et comportementaux» et veiller à ne pas les «attribuer par erreur à une infection au Covid-19», concluent les auteurs.
Immédiatement, la colère a pris les associations de patients atteints de Covid long qui accusent l'étude de nier la réalité de leur trouble en lui donnant une explication essentiellement psychologique. Beaucoup de chercheurs ont également exprimé leur scepticisme face à la méthodologie retenue par cette étude. «Un test sérologique (...) n'est pas fiable comme marqueur d'une précédente infection», juge le virologue britannique Jeremy Rossman, cité par l'organisme Science Media Center.
Les auteurs de l'étude se sont défendus, dans Le Monde, en soulignant notamment que leur étude montrait bien une association entre une infection réelle et un symptôme durable: la perte de l'odorat. Selon eux, c'est bien la preuve que leur méthode peut distinguer quelles manifestations supposées du Covid long sont réellement liées à une infection.
(L'essentiel/afp)