Fusillade en ArizonaLoughner, le crâne rasé face aux juges
L'auteur de la fusillade meurtrière en Arizona a comparu devant la justice lundi, alors que l'Amérique se recueillait en hommage aux victimes.

L'auteur de la fusillade qui a coûté la vie à six personnes et grièvement blessé une élue américaine samedi dans l'Arizona (sud-ouest des Etats-Unis), a comparu pour la première fois devant la justice, lundi à Phoenix, a constaté un journaliste sur place. Une audience préliminaire a été fixée par le juge au 24 janvier.
Lors d'une audience d'un peu moins d'un quart d'heure, le prévenu, 22 ans, a été informé par le juge Michael Anderson des cinq chefs d'accusation retenus contre lui: deux meurtres et trois tentatives de meurtre. D'autres accusations devraient être portées contre lui, a fait savoir la justice.
L'accusé, crâne rasé et semblant avoir une bosse sur le front, a écouté le juge avec attention et a répondu d'un «oui» laconique aux questions réglementaires du magistrat.
Le prévenu, menotté et des chaînes aux pieds, vêtu d'un uniforme marron de prisonnier, a semblé parfaitement comprendre la situation.
Aveu lancé
Lorsque le juge lui a demandé si la signature trouvée sur une enveloppe à son domicile était la sienne, il a répondu «oui, c'est ma signature».
Le jeune homme sera défendu par Judy Clarke, qui participa à la défense du Français Zacarias Moussaoui, condamné aux Etats-Unis à la prison à vie pour complicité dans les attentats du 11-Septembre.
Me Clarke a assuré également la défense de «Unabomber», Theodore Kaczynski, un mathématicien américain condamné à la réclusion à perpétuité en mai 1998 aux Etats-Unis après avoir causé la mort de trois personnes et en avoir blessé 29 autres par l'envoi de colis piégés sur une période de 17 ans.
Magistrat fédéral parmi les tués
L'un des autres avocats à avoir demandé à défendre le prévenu, Mark Fleming, faisait lui partie des défenseurs de six Algériens arrêtés en Bosnie en 2001, soupçonnés de fomenter un attentat contre l'ambassade américaine à Sarajevo, et transférés à Guantanamo où cinq d'entre eux sont restés plus de sept ans avant d'être blanchis par un juge.
La cible du tireur, l'élue démocrate Gabrielle Giffords, était toujours lundi dans un état critique après une grave blessure à la tête, mais les médecins restaient raisonnablement optimistes sur son rétablissement.
La fusillade, qui a fait six tués - parmi lesquels une fillette de 9 ans et un juge fédéral - a eu lieu pendant un meeting de la représentante à Tucson.
Le prévenu pourrait être passible de la peine de mort s'il est reconnu coupable du meurtre d'employés fédéraux, car outre le juge fédéral, John Roll, un jeune collaborateur de Mme Giffords, Gabe Zimmerman, figure parmi les six personnes décédées.
Critique
Le président Barack Obama se rendra mercredi à Tucson pour assister à une cérémonie d'hommage aux victimes, a annoncé son entourage.
Sans attendre de connaître les mobiles du drame, de nombreux blogueurs de gauche se sont emparés de l'attentat pour dénoncer le parti républicain et les ultra-conservateurs du «tea party», les accusant d'avoir créé un climat incitant à la violence.
Lundi, des militants du «tea party» ont qualifié de «scandaleuses» les accusations visant leur mouvement et leur égérie républicaine Sarah Palin.
«Nous n'avons rien à voir avec cet événement tragique et horrible», a déploré le «Tea Party Express», l'une des principales composantes de la mouvance conservatrice, pour qui ces critiques illustrent la volonté de la gauche américaine de «tenter d'exploiter» politiquement le drame.
(L'essentiel Online/AFP)