Au BrésilLula a jusqu'à vendredi soir pour aller en prison
Le juge anticorruption, Sergio Moro, a ordonné l'incarcération de l'ex-président brésilien.

Les supporters de Lula sont descendus dans la rue pour manifester leur soutien.
L'ex-président brésilien Lula n'était plus vendredi qu'à quelques heures de la prison. C'est son ennemi intime, le juge anticorruption Sergio Moro qui a émis jeudi, en fin de journée, un mandat de dépôt contre Luiz Inacio Lula da Silva.
Il s'agit là d'une victoire éclatante pour les procureurs de l'opération «Lavage-Express», enquête tentaculaire qui a mis au jour un gigantesque scandale de corruption impliquant des hommes politiques de tous bords.
Le juge Moro a interdit «l'utilisation de menottes dans tous les cas de figure» et a précisé qu'une «salle réservée» a été prévue dans les locaux de la police pour l'ancien métallo devenu président, «à l'écart des autres prisonniers sans aucun risque pour son intégrité morale ou physique».
Soutien indéfectible de ses partisans
Peu après l'annonce de l'émission du mandat de dépôt, le Parti des Travailleurs (PT), fondé par Lula dans les années 1980, a annoncé une «mobilisation générale» contre son incarcération.
Plusieurs milliers de sympathisants étaient massés jeudi soir au siège du syndicat des métallurgistes, à l'extérieur de São Paulo, où Lula devait intervenir.
L'ancienne présidente Dilma Rousseff a pris la parole tard dans la nuit, juchée sur un camion devant une foule compacte qui agitait drapeaux rouges et pancartes. «Lula est innocent et il n'y a pas de crime plus grave que de condamner un innocent», a-t-elle lancé.
Candidature invalidée?
Dans la nuit de mercredi à jeudi, la Cour suprême du Brésil avait rejeté une demande d'habeas corpus qui aurait permis à l'ex-président (2003-2010) de rester en liberté jusqu'à l'épuisement de tous les recours.
Lula, 72 ans, a été condamné pour avoir reçu un luxueux appartement en bord de mer de la part d'une entreprise de bâtiment en échange de faveurs dans l'obtention de marchés publics.
Selon les analystes, sa candidature a de grandes chances d'être invalidée par la justice électorale, mais la stratégie du PT est de surfer sur l'émoi que suscite son incarcération pour qu'ensuite le «Plan B», un autre membre du parti, bénéficie du report de voix.
(L'essentiel/afp)