Tabac/France-Luxembourg«Lutter contre les allers et retours à la frontière»
LUXEMBOURG/FRANCE - La France réclame encore une fiscalité européenne pour limiter les trafics de tabac et la concurrence luxembourgeoise qui nuit aux buralistes.

Les buralistes d'Alsace et de Moselle sont confrontés à la concurrence allemande mais aussi luxembourgeoise.
Les saisies de tabac de contrebande ont bondi de 78% sur les 9 premiers mois de 2019 par rapport à la même période en 2018, a annoncé le ministre français des Comptes publics, Gérald Darmanin, mardi à Strasbourg, appelant à une unification de la fiscalité au sein de l'Union européenne. De janvier à septembre, les services douaniers français ont intercepté 282,7 tonnes contre 158,8 tonnes un an plus tôt, a précisé le ministre des Comptes publics.
Début juillet, Bercy avait signalé une croissance encore plus forte des saisies au premier semestre. Elle avait atteint 142%, un chiffre qui s'expliquait, selon le ministère, par le renforcement des missions douanières de lutte contre la contrebande de tabac. M. Darmanin a assisté mardi matin à un contrôle douanier à la frontière allemande, sur le pont de l'Europe qui enjambe le Rhin, avant de s'entretenir avec des buralistes d'Alsace et de Moselle, confrontés à la concurrence allemande mais aussi luxembourgeoise.
«On ne peut plus vivre d'un tabac classique»
«Notre sujet principal, c'est que la Commission européenne accepte l'idée que la lutte contre le tabac est une lutte européenne pour la santé publique et que nous devons avoir une fiscalité commune à de tous les pays de l'Union», a-t-il souligné. Le ministre a pointé la nécessité de lutter à la fois contre les «grands trafics» de tabac et «les trafics de fourmis, les allers-retours quotidiens de ceux qui vont de chaque coté de la frontière».
«Ici la situation est particulière, il y a des gens qui font l'aller et retour en tram avec l'Allemagne toute la journée en ramenant deux cartouches de cigarettes à chaque fois (NDLR: la limite autorisée,)», a expliqué à l'AFP Patrice Soihier, buraliste et président de la chambre syndicale du Bas-Rhin. Strasbourg, une ligne de tramway permet de rejoindre en quelques minutes la ville allemande de Kehl, sur l'autre rive du Rhin, où le tabac est meilleur marché.
«J'essaye d'aider à mon niveau à la transformation de ce beau métier de buraliste, des gens qui se lèvent tôt le matin et qui sont courageux, à être de moins en moins dépendants du tabac», a assuré M. Darmanin. Le ministre des Comptes publics a cité le développement des «paiements de proximité» pour les factures de services publics et les impôts, annoncé cet été. «Nos fonds de commerce ne valent plus rien. À 60 ans, on est obligés d'investir massivement parce qu'on ne peut plus vivre d'un tabac classique», s'est inquiété Verissimo Xavier, buraliste à Geispolsheim (Bas-Rhin).
(L'essentiel/afp)