Luxembourg: Des «ripous» à la gare? Les révélations qui agitent la police

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LuxembourgDes «ripous» à la gare? Les révélations qui agitent la police

LUXEMBOURG – La présidente du principal syndicat de policiers a réagi dans L'essentiel sur les affaires du commissariat de Luxembourg-Gare qui sèment le trouble au sein des forces de l'ordre, tandis que le CSV met la pression sur le ministre Henri Kox.

Thomas Holzer
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Thomas Holzer
Le commissariat de Luxembourg-Gare connaît des heures troubles.

Le commissariat de Luxembourg-Gare connaît des heures troubles.

Editpress

De mémoire de policière, Marlène Negrini «n'avait jamais connu une telle affaire, avec la presse qui va jusqu'à utiliser le mot ''ripou''». Des semaines après le placement en détention provisoire de quatre policiers du commissariat de la gare pour avoir battu un homme ivre, Le Quotidien décrit dans son édition de mercredi un microcosme au sein duquel des anciens hors de contrôle «tabassent» les prévenus, «falsifient les rapports» et tyrannisent les jeunes recrues.

Des quantités illégales de drogue ont également été retrouvées chez deux policiers de ce commissariat, l'un d'entre eux étant même soupçonné de trafic, a confirmé le parquet.

Des révélations qui ne cessent de s'accumuler, mais qu'il s'agit de considérer avec retenue, estime la présidente du SNPGL (Syndicat national de la police grand-ducale). «Personne n'était présent. C'est pourquoi il faut attendre les résultats de l'enquête. Tous sont présumés innocents», explique-t-elle à L'essentiel. Un policier a-t-il sa place en prison pour des fautes commises dans le cadre de ses fonctions? «Un agent qui fait bien son travail n'a pas à craindre la prison», répond-elle.

Le syndicat a pris contact

Selon la syndicaliste, la situation particulière de ces agents est observée de «manière lointaine» par les membres de la profession – «Ils n'ont pas le choix, le travail doit continuer» – moins par leurs collègues de la gare qui ont voulu déposer les armes pour certains d'entre eux (voir ci-dessous). Le SNPGL a tenté de contacter les équipes concernées. Sans succès.

Quelles raisons ont poussé ces policiers à franchir la ligne rouge? Si un éventuel procès permettra de déterminer avec précision les contours de ces dérapages en série, difficile de ne pas considérer la situation particulière du quartier de la gare comme un élément de contexte essentiel.

La gare, c'est le «top» des infractions

Marlène Negrini, présidente du SNPGL

«C'est le ''top'' des infractions au Luxembourg. Comme dans toutes les capitales, le quartier gare regroupe un grand nombre de personnes, du passage et de la criminalité», détaille-t-elle, tout en faisant part de sa surprise face à ces révélations. Dans la profession, ces pratiques «borderlines» présumées n'étaient pas connues, assure Marlène Negrini.

«Un problème de société»

Reste que cette affaire ne risque pas d'améliorer l'image des policiers qui font de plus en plus face à des comportements de rébellion. «Ils ne le rapportent pas toujours, car c'est devenu une habitude dans le travail. Les gens n'écoutent pas, pas même quand ils sont en tort». Pour la policière, il s'agit là d'un «phénomène de société» lié au «non-respect».

Le politique peut-il s'en saisir pour améliorer les conditions de travail des agents? La syndicaliste se montre circonspecte: «Peut-être qu'un meilleur dialogue avec les responsables administratifs et politiques est nécessaire, afin de trouver des solutions en amont aux problèmes mentionnés. Mais cela demeure difficile».

Malgré ces défis, la présidente du SNPGL se félicite de l'augmentation des effectifs au fil des années, mais également de «la bonne formation» dispensée aux futures recrues.

Pour le CSV, le compte n'y est pas

Le chaos au commissariat de la gare, qui a dû fermer une nuit le week-end dernier par manque d'effectif, agite la sphère politique au cœur de l'été. Le ministre Déi Gréng Henri Kox a répondu jeudi à la question parlementaire urgente du CSV, expliquant que les missions de sécurité «ont été assurées». Une réponse insatisfaisante pour le parti d'opposition: «Le ministre a omis de nous fournir les motifs exacts de ce non-fonctionnement» ni confirmé «qu’un certain nombre de policiers ont remis leurs armes» pour se faire soigner. «Il n’a pas non plus spécifié la date à laquelle le commissariat fonctionnerait de nouveau normalement», estiment Laurent Mosar et Léon Gloden, qui ont donc décidé de renvoyer leurs questions…

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