ÉthiopieMalnutrition «sans précédent» au Tigré
Alors que seuls 11% des camions nécessaires à l’aide humanitaire ont atteint leur destination, l’ONU estime que 400 000 personnes ont «franchi le seuil de famine» au Tigré.

L’aide humanitaire n’arrive que peu au Tigré.
Une malnutrition «sans précédent» touche, après dix mois de guerre, les femmes enceintes et allaitantes dans la région éthiopienne du Tigré, a déclaré jeudi soir l’agence humanitaire de l’ONU, peu après l’annonce de l’expulsion de sept responsables onusiens par Addis Abeba.
Dans un rapport publié en ligne, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) décrit également une malnutrition «alarmante» parmi les enfants, alors que grandit le spectre de la famine. «Sur plus de 15 000 femmes enceintes et allaitantes suivies sur la période d’étude, plus de 12 000, soit environ 79%, ont été diagnostiquées en malnutrition grave», affirme Ocha.
Le niveau de malnutrition modérée parmi les enfants de moins de cinq ans «dépasse également les niveaux d’urgence fixés à 15%, atteignant environ 18%, tandis que la proportion d’enfants souffrant de malnutrition sévère atteint 2,4%», au-dessus du seuil d’alarme de 2%, souligne le rapport.
Combats depuis novembre
Jeudi, le gouvernement éthiopien a annoncé l’expulsion sous 72 heures de sept responsables d’agences de l’ONU accusés d’«ingérence» dans ses affaires internes, dont des membres d’Ocha et de l’Unicef. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit «choqué», et des diplomates ont affirmé qu’une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l’ONU se tiendrait à huis clos vendredi à la mi-journée.
Le Tigré est en proie aux combats depuis novembre, quand le Premier ministre Abiy Ahmed y a envoyé l’armée éthiopienne pour renverser les autorités régionales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qu’il accuse d’avoir orchestré des attaques contre des camps militaires fédéraux. Le conflit s’est enlisé durant plusieurs mois, avant que les combattants pro-TPLF reprennent le contrôle de la région, fin juin, et que les troupes gouvernementales s’en retirent largement. Depuis, les combats ont gagné les régions voisines de l’Afar et de l’Amhara.
(L'essentiel/AFP)