Viols en UkraineMaria Teresa «horrifiée par les témoignages qui nous arrivent»
Très engagée contre les violences sexuelles sur les zones de conflits, la Grande-Duchesse est «profondément inquiète» pour les Ukrainiennes.
- par
- Marion Chevrier

Le viol est souvent utilisé comme une arme de guerre.
«Alors que la guerre fait rage en Ukraine, depuis un peu plus d'un mois maintenant, je suis profondément inquiète de la situation terrible et angoissante dans laquelle se trouvent les Ukrainiennes et les Ukrainiens, en exil ou pris au piège dans leur propre pays, et particulièrement les femmes et les enfants, démunis et livrés à eux-mêmes», a écrit la Grande-Duchesse Maria Teresa, sur son compte Instagram.
«Nous savons d’expérience, notamment par le biais de mon initiative Stand Speak Rise Up!, que les zones de conflits sont des contextes propices au viol et aux violences sexuelles et déjà, une vingtaine de cas de viols de guerre en Ukraine ont été déclarés. Je suis horrifiée par les témoignages qui nous arrivent...», poursuit-elle. «Nous devons agir et déployer les moyens de leur venir en aide au plus vite pour que le corps des femmes ne soit plus un champ de bataille...». Et elle salue l'action de Céline Bardet, administratrice de l’ASBL Stand Speak Rise Up! qu'elle a initiée en 2019, qui va mettre en place une structure permettant de recueillir la parole des femmes ukrainiennes.

La Grande-Duchesse aux côtés de Céline Bardet et du Dr Denis Mukwege au lancement officiel du forum international «Stand Speak Rise Up!» pour mettre fin aux violences sexuelles dans les zones sensibles, en 2019.
«On reçoit des signalements mais ça reste encore très épars et c'est très très difficile de vérifier. Il faut faire très attention parce qu'on est aussi dans une guerre de propagande», a confié Céline Bardet, sur France24. «Néanmoins, on sait malheureusement, pour avoir vu tous les conflits auparavant, que quand un conflit débute, très rapidement, les allégations de viols suivent et sont souvent confirmées. On sait que les zones fragiles sont un contexte idéal pour les violences sexuelles, donc il faut être très très vigilants».
«Les violences sexuelles peuvent devenir une arme de guerre quand elles commencent à être systématiques, quand elles sont ordonnées, parfois planifiées, et qu'elles ont un objectif. Ça peut devenir un outil de terreur», explique la directrice générale de l'ONG «We are Not Weapons of War». «Dans le conflit ukrainien, il y a beaucoup de rumeurs qui tournent, comme il y en a eu en Syrie (...) et c'est utilisé pour terrifier la population et donc les faire partir (...) C'est une prise de pouvoir sur la femme de l'ennemi et c'est aussi un outil d'humiliation».
La Cour pénale internationale enquête «parce que le viol - dans le cadre d'un conflit - peut être un élément constitutif de crimes de guerre voire de crimes contre l'humanité». Le problème est qu'aujourd'hui ces zones sont aujourd'hui très difficiles d'accès, donc «les victimes n'ont pas les moyens de parler». L'ONG qu'elle a fondée va mettre en place «une petite équipe de bénévoles» pour «permettre aux victimes de se faire connaître, de livrer des informations sur ce qui leur est arrivé, et de coordonner ensuite les prises en charge et les ouvertures de dossier».