Vote de défiance – «May est amochée par l'ampleur de la rébellion»

Elle a gagné une bataille mais pas la guerre: Theresa May a survécu à un vote de défiance des députés de son camp conservateur, mais sa majorité inconfortable lui laisse peu de marge de manœuvre sur le Brexit, estime jeudi la presse britannique. Pour le Times, le résultat du vote organisé mercredi soir permet à la Première ministre britannique de «gagner du temps mais pas grand-chose d'autre».

«Presque tous les problèmes qu'elle avait hier sont encore d'actualité», résume le quotidien de droite, évoquant notamment la nécessité de convaincre un Parlement très dubitatif sur l'accord de Brexit, conclu fin novembre avec Bruxelles. Les Tories ne pourront certes plus chercher à la déloger durant un an. Mais la dirigeante devra aussi tenter de se maintenir en place face à la menace de son allié nord-irlandais, le petit parti unioniste DUP, de lui retirer son soutien si l'accord est adopté sans modification sur le «filet de sécurité» prévoyant en derniers recours le maintien du Royaume-Uni dans une union douanière avec l'UE pour éviter le retour d'une frontière dure sur l'île d'Irlande.

Quant à sa concession de ne pas mener la campagne des prochaines législatives en 2022, «depuis le fiasco de l'an dernier», quand elle a perdu sa majorité absolue dans des élections anticipées qu'elle a elle-même convoquées, «cela n'allait jamais être possible» de toute façon, affirme le Times.

Le quotidien pro-Brexit The Telegraph abonde dans le même sens. «Le vote lui permet de rester mais quand partira-t-elle?», s'interroge-t-il. «Rien ne semble avoir changé, sauf sur un point crucial. Son autorité est encore un peu plus endommagée», ajoute-t-il. Comme le Times, le quotidien dresse un parallèle avec Margaret Thatcher, qui avait jeté l'éponge, affaiblie par un vote de défiance dont elle avait pourtant remporté le premier tour.

À gauche, The Guardian constate que «Theresa May est amochée par l'ampleur de la rébellion tory». Le tabloïd conservateur à grand tirage The Sun estime également que la dirigeante est ressortie «blessée» du vote de défiance. Elle est persévérante «mais la persévérance est parfois stupide et vaine. On peut espérer que notre Première ministre le sait désormais».

Le tabloïd Daily Mail, spectaculairement passé de l'europhobie militante à une position très modérée à l'occasion d'un changement de rédacteur en chef, est un des rares titres préférant voir le verre à moitié plein. Theresa May a réussi à rassembler les deux tiers de son parti derrière elle et le journal implore: «Laissez-là maintenant continuer son travail».

Theresa May participe jeudi et vendredi, à un sommet européen à Bruxelles, où elle tentera désespérément d'arracher aux dirigeants européens des «assurances» sur l'accord de Brexit, à même de contenter le Parlement britannique.

(L'essentiel/afp)