En IndeMère porteuse, un ventre et deux mondes
Comme Macia, une Brésilienne du Luxembourg, les couples occidentaux sont nombreux à passer par l'Inde pour trouver une mère porteuse.

Seita Thapa a accouché le 13 février 2012 à la clinique Surrogacy Centre India (SCI) de New Delhi. Ce jour-là, elle a détourné la tête pour ne pas voir à quoi ressemblait le bébé qu'elle mettait au monde pour le compte d'un couple gay australien, qu'elle n'a jamais voulu rencontrer. «On a des cours qui nous préparent mentalement au fait que ce n'est pas notre bébé. Alors pourquoi vouloir le voir? J'ai déjà mes propres enfants», expose doucement cette mère de deux «grands» de 16 et 18 ans, qu'elle n'a pas vus depuis 2011.
Un an après l'accouchement, après de rares photos envoyées par les parents, Seita, 31 ans, confie pourtant attendre les images de la première bougie de Lili, sa fille. «Je suis fière d'avoir donné naissance à un magnifique bébé, bien plus beau que mes propres enfants», lâche-t-elle, en tirant sur les manches de son ample pull rose avec un rire gêné, dans une petite pièce de la clinique. «J'ai voulu être mère porteuse parce que je voulais déposer de l'argent sur un compte pour mes enfants, pour assurer leur avenir. Je voulais aussi aider les parents qui ne peuvent pas avoir d'enfants», confie Seita. «Le bébé et les parents sont dans mes prières pour toujours. J'ai l'impression de faire partie de la famille», assure cette ancienne cuisinière, les yeux soudain brillants.
«Si c'est la seule solution»
Interrogée par l'AFP, la clinique a précisé que les mères porteuses recevaient 6 000 dollars et que la GPA (gestation pour autrui) coûtait 28 000 dollars aux clients. En 2012, 291 bébés sont nés dans cette clinique ouverte en 2008. Ils vivent aujourd'hui dans 15 pays différents, dont le Luxembourg, le Canada, l'Australie, le Japon, la Norvège ou le Brésil. À New Delhi, il existe des dizaines de cliniques similaires, mais nombre d'entre elles refusent d'ouvrir leurs portes aux médias et de les laisser rencontrer les mères porteuses. L'Inde, qui dispose d'une médecine de pointe et cherche à attirer un tourisme médical d'occidentaux fortunés, continue de lutter contre une misère endémique avec 40% de sa population vivant avec moins de 1,5 dollar par jour.
Marcia, une Brésilienne de 40 ans qui vit au Luxembourg et veut garder l'anonymat, est dans ce cas. Après avoir tout tenté depuis trois ans, elle vient d'arriver avec son mari à New Delhi pour signer un contrat avec la clinique. «Quand je regarde les photos des bébés dans la salle d'attente, j'ai envie de pleurer», dit-elle. «Je préfère ne pas rencontrer la mère porteuse qui sera choisie, d'autant qu'on n'est pas sûr que la grossesse sera un succès». Le couple va tenter dans un premier temps le transfert de son propre embryon avant de faire appel à un don d'ovule en cas d'échec. «Au début, c'est difficile de se faire à l'idée qu'une autre femme porte mon enfant, mais si c'est la seule solution...», sourit brièvement Marcia.
(L'essentiel Online/AFP)