Luxembourg Ministère et syndicat s'écharpent sur le voile islamique
LUXEMBOURG – Faut-il interdire les signes religieux ostentatoires à l'école? Oui, estime le syndicat enseignant SEW-OGBL, tirant la sonnette d'alarme sur le phénomène. Moins catégorique, le ministère préfère «miser sur le dialogue».
- par
- Thomas Holzer

Le port du voile est autorisé dans les lycées au Luxembourg.
«Le voile islamique constitue un moyen d'aliénation et de soumission de la femme musulmane. Il doit être banni de l'école publique». Sollicité par L'essentiel pour une prise de position sur le port des signes religieux ostentatoires à l'école, le SEW-OGBL a jeté un pavé dans la mare, réclamant «l'interdiction du voile et de tout autre signe religieux ostensible» dans les établissements scolaires publics du Grand-Duché. «L'accepter, c'est attiser les tensions entre les communautés (…) Cela équivaut à prêter moralement main-forte à ceux qui veulent maintenir la femme sous tutelle et à mettre sous pression les élèves musulmanes qui refusent de le porter», justifie le syndicat enseignant.
«Le dialogue plutôt que l’interdiction»
Contrairement à la France où une loi de 2004 interdit le port de signes religieux ostentatoires aux élèves, le Luxembourg le permet. Toujours en application, une circulaire du ministre de l'Éducation nationale Claude Meisch, datant de 2014, «préconise une approche pragmatique qui mise sur le dialogue plutôt que sur l’interdiction (…) L’objectif est de combiner le respect des droits individuels des élèves avec l’obligation de bannir de l’école toute attitude fondamentaliste», rappelle le ministère.
Le SEW-OGBL plaide pour le retrait de cette réglementation, qui, selon lui, «encourage d'autres exigences de la part de certaines communautés». Le syndicat cite notamment l'absence «déjà accordée» de certains enfants afin que ces derniers «participent à la célébration des fêtes religieuses islamiques, la non-obligation pour les filles de suivre l'ensemble des cours de biologie, le choix du sexe de l'enseignant ou du médecin scolaire ou encore la contestation de la mixité dans les cours de sport».
Une tendance «à la hausse» des tenues religieuses?
Autant de sujets épineux qui suscitent débats et oppositions dans plusieurs pays européens, la France en particulier, où le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, a regretté «une tendance à la hausse» des signes religieux à l'école. Un phénomène qu'observe également le SEW-OGBL au Luxembourg. Interrogé sur son ampleur, le ministère luxembourgeois de l'Éducation nationale n'est pas aussi catégorique, expliquant «ne pas avoir connaissance d'une hausse du port des tenues islamiques dans les écoles», même s'il reconnaît «ne pas recueillir d'informations» sur le sujet.

Le ministre de l'Éducation nationale, Claude Meisch.
«Les directions n’ont pas signalé de conflits particuliers en relation avec le port de tenues religieuses (…) Un directeur de lycée peut décider d’intervenir auprès d’un élève et de ses parents s’il estime que l’éducation de l’élève aux valeurs de notre société est compromise par son adhésion à des courants religieux ou idéologiques, ou que la tenue vestimentaire porte atteinte à la décence ou au bon ordre de l’école», précise-t-il encore.
Dans ce contexte, le ministère juge que la mise en place d'une nouvelle réglementation «n'est pas nécessaire», tout en rappelant le principe de «neutralité de l'école».
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