Miss Platnum: «Je vis mes rêves de petite fille sur scène»
Miss Platnum lie le R'nB à la musique balkanique. Samedi, avant son concert, elle nous a parlé de son nouvel album et de son amitié avec Peter Fox.
L’essentiel: Quand on pense musique balkanique, on a tendance à l’associer à la musique folklorique. D’où vient la modernité chez Miss Platnum?
Miss Platnum: L’esthétique du R’nB et du hip-hop rend ma musique moderne. Ma musique est faite pour les clubs et les grandes scènes, internationales aussi. Je dis toujours que je ne veux pas être classée dans la worldmusique qui sent un peu les magasins bio. Ma sonorité est un mélange de musiques urbaine et balkanique que je peux uniquement créer à Berlin.
Y a-t-il beaucoup de ressemblances entre Ruth, votre vrai nom, et Miss Platnum, votre personnage de scène?
Je vis mes rêves de petite fille en tant que Miss Platnum, par exemple porter des robes fastueuses. C’est toujours Ruth, mais elle apparaît moins souvent sur scène. De l’autre côté, dans ma vie privée, Miss Platnum n’est pas toujours un sujet pour moi. Je trouve bien de pouvoir prendre mes distances et de ne pas devoir me dire: «Je veux acheter des petits pains. Alors, je dois porter de la fourrure pour être Miss Platnum».
Et sur votre nouvel album, «The Sweetest Hangover», racontez-vous des histoires inventées ou personnelles?
Beaucoup d’histoires ont une origine personnelle, mais je vais plus loin et réfléchis sur une autre fin qui n’existe pas en réalité. C’est beaucoup plus captivant en écrivant les textes, mais ça reste en relation avec moi-même. Je connais toutes les émotions que je décris dans mes chansons. Sinon, je ne pourrais pas les exprimer ainsi.
Plusieurs de vos titres parlent de trahison et de vengeance. Dans une chanson, un homme qui trompe sa copine est tué par celle-ci à l’aide d’un couteau. Vous y retrouvez-vous aussi?
Je crois que si on est honnête en tant que femme, on connaît ce sentiment. Je suis une personne très jalouse. Juste penser que mon mec pourrait me tromper me rend folle. Je ne le tuerais pas, mais des pensées comme «Je veux vraiment me venger» existent de temps en temps.
Sur scène, Miss Platnum paraît très énergique et sûre d’elle. L’êtes-vous aussi dans la vraie vie?
Oui. Je suis mon propre chef et celui de mon groupe. Il faut parfois être rigide pour ne pas être poussée dans un coin où on ne veut pas se retrouver. Je ne contrôle pas tout mais je fais attention à ce que mes idées soient réalisées de la manière que je veux. Toutes les décisions qui sont prises passent par moi. J’aime collaborer avec d’autres, mais c’est moi qui donne son visage à Miss Platnum.
Et ça compte aussi pour les musiciens avec qui vous êtes?
Nous ne faisons pas de sessions de jam ensemble. Tout est déjà plus ou moins chorégraphié et chacun connaît son boulot. Chez moi, il n’y a pas d’impro.
Vous étiez en tournée avec Peter Fox. Quelle est votre relation?
Je le connaissais déjà avant mon premier album. Nous collaborions de temps en temps. Moi, j’ai fait quelque chose pour Seeed. Lui, il a fait une chanson avec moi, «Come marry me». J’ai aussi travaillé sur son album solo en tant que compositeur et choriste. C’est une amitié entre collègues.
Avez-vous apprécié d’être choriste pour lui en tournée et d’assurer sa première partie?
C’était super parce que ça se passait à un moment où j’étais en train de terminer mon propre album. Pendant la dernière étape, on ressent vraiment la peur. On veut soudainement tout changer. Et donc, c’était bien de pouvoir prendre mes distances avec mon propre album. Quand je suis rentrée, j’avais les idées fraîches et j’ai encore fait trois ou quatre nouvelles chansons.
Vous donnez-vous des conseils?
Oui, c’est difficile à éviter. On se croise souvent comme le studio de mes producteurs et le sien se trouvent dans le même bâtiment. On entend dans la cour ce que l’autre fait et puis, on est très tentés de donner son opinion. Pour mon album actuel, il n’a rien produit, mais m’a donné quelques conseils. Il a par contre réalisé le clip de mon single «She moved in».
Est-il vrai que vous aimez bien tout nettoyer?
J’apprécie quand tout est propre. Je peux alors me relaxer plus facilement. J’aime aussi ranger le studio quand j’y enregistre. S’il est sale, je ne peux pas me concentrer. Avant chaque session au studio, je demande que ça soit propre ou bien je dis: «Il faut compter une heure en plus parce que je dois encore ranger». Mais tout le monde en profite! Pendant que nous enregistions mon album, le studio et la cuisine commune étaient très propres, j’avais même acheté des fleurs. Les collègues m’ont écrit des petites notes de remerciement.
Quelles attentes liez-vous à la sortie du nouvel album?
Je me souhaite que ça cartonne, finalement. Que les gens comprennent combien ma musique est de bonne qualité. Ce serait bien de jouer beaucoup en live. Je voudrais bien que ça cartonne afin que je puisse m’acheter une Mercedes. Ce que je n’ai pas encore réussi à faire.
Recueilli par Kerstin Smirr
Quelques heureux élus
Ils n'étaient qu'une petite centaine de privilégiés à avoir gagné leur ticket d'entrée au Variété Chat Noir pour fêter, en partenariat avec Radio Dasding, la sortie du troisième album de la miss, «The Sweetest Hangover». La chanteuse a d'abord laissé parler les cuivres, avant de lâcher vocalises et poses à la Aretha. Le cocktail «musique des Balkans à la sauce R'nB» fait toujours son effet. On en est revenu grisé. Un vrai bonheur.