«Mon souhait, c'est d'inviter au voyage»
Vingt-cinq ans après, François Bourgeon fête ses retrouvailles avec Isa, l’héroïne des «Passagers du Vent».
L'essentiel: Vos lecteurs sont restés sans nouvelles d'Isa pendant 25 ans. Pourquoi cette longue absence?
François Bourgeon: Dans mon esprit, je savais après les cinq premiers albums des «Passagers du Vent» qu'Isa se rendrait en Louisiane après son séjour à Saint-Domingue. Mais je ne savais pas si je donnerais un jour une suite à ma série.
Pourquoi cette suite?
Tout simplement parce que l'envie est revenue. J'avais aussi le sentiment, dans «Le Bois d'Ebène», d'avoir été trop succinct sur la vie des colons à Saint-Domingue et sur la question relative à l'esclavage. Ce que je raconte semble très ancien, mais à l'échelle de l'histoire, c'est très récent. En un peu plus d'un siècle, les États-Unis ne sont-ils pas passés de l'esclavage à Obama!
Vous ne reprenez pas l'histoire où vous l'aviez laissée...
Pour surprendre, j'ai choisi de mettre en scène Zabo, l'arrière-petite-fille d'Isa. Zabo a 18 ans, soit l'âge d'Isa à la fin de la première histoire. Cela m'a permis de mêler deux thèmes qui me sont chers: la suite de l'histoire des esclaves et la guerre de Sécession.
Isa et Zabo ont le même sang, mais sont néanmoins fort différentes?
Elles ont la même forte personnalité, mais pas du tout la même éducation. Zabo considère que l'esclavage est normal alors qu'Isa, devenue centenaire, a vu en son temps toutes les horreurs de la traite négrière. Elle sait qu'elle ne pourra pas transmettre toute son expérience, mais elle veut quand même passer deux ou trois choses qu'elle juge très importantes.
Pensez-vous faire œuvre d'historien?
Non, je me contente de jouer avec l'Histoire tout en la respectant. Mon objectif, c'est de raconter une histoire tout en mettant en situation des personnages. Pour cet album et le suivant, j'ai ainsi lu plus de 300 ouvrages. Car pour pouvoir satisfaire la curiosité du lecteur, je satisfais déjà la mienne. Mon souhait, c'est de capter l'attention du lecteur et de l'inviter au voyage.
Denis Berche