Bizutage mortel en BelgiqueLe ministre défend les peines des bizuteurs: «Il ne faut pas sanctionner pour sanctionner»
Le ministre belge de la Justice Vincent Van Quickenborne a défendu jeudi les peines de travaux d'intérêt général infligées fin mai à dix-huit étudiants dans un procès pour un bizutage mortel.

Beaucoup trouvent les peines trop clémentes.
«Il ne faut pas sanctionner pour sanctionner. Les sanctions ont pour but de rendre les gens meilleurs, de les remettre sur la bonne voie», a affirmé ce ministre libéral flamand devant les députés à la Chambre. Il a assuré que de manière générale les peines alternatives à l'emprisonnement garantissaient un risque de récidive nettement réduit.
L'arrêt rendu le 26 mai à Anvers (nord) dans l'affaire Sanda Dia, du nom d'un étudiant métis de 20 ans mort en 2018 des suites d'un bizutage, a suscité critiques et manifestations dans plusieurs grandes villes belges. Dimanche, environ 2 000 personnes au total, dont beaucoup d'étudiants, ont manifesté à Gand, Bruxelles et Bruges, dénonçant une «justice de classe» rendue au bénéfice de 18 étudiants de l'université catholique de Louvain (KU Leuven) pour la plupart issus de la bourgeoisie flamande.

En décembre 2018, Sanda Dia était mort à l'hôpital des suites d'un œdème cérébral deux jours après un bizutage au cours duquel il avait dû boire énormément d'alcool, séjourner dans un trou d'eau glacée et ingurgiter une mixture très salée à base d'huile de poisson.
Les 18 étudiants poursuivis ont été condamnés à des travaux d'intérêt général d'une durée de 200 à 300 heures, et à 400 euros d'amende chacun. Au procès, en mars, le parquet avait réclamé à la cour d'appel d'Anvers des peines de 18 à 50 mois de prison.
Au cœur de la controverse figure aussi le fait que les «peines de travail» (dans la terminologie belge) ne sont pas mentionnées dans l'extrait de casier judiciaire que peut réclamer un employeur, ce qui aux yeux de certains a été une des motivations des juges au moment d'opter pour une telle sanction.
«Justice trop laxiste»
Le ministre a défendu jeudi un principe général. «Si vous mentionnez systématiquement ces peines sur l'extrait de casier judiciaire, la réinsertion de ces gens sera plus difficile», a dit M. Van Quickenborne. Il a ironisé en remerciant «les politiques qui ont eu le courage de défendre l'État de droit ces dernières semaines».
Une allusion aux déclarations de plusieurs présidents de parti, y compris au sein de la majorité gouvernementale, qui ont emboîté le pas à un youtubeur très suivi en Flandre ayant dénoncé publiquement la décision de justice. Sur Twitter, le chef des libéraux francophones, Georges-Louis Bouchez, a qualifié de «ridicules» les peines infligées, y voyant une nouvelle illustration d'une «justice trop laxiste».