Moyen-Orient: vers des millions de déplacés climatiques?

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Pluies rares, canicules et sécheressesMoyen-Orient: vers des millions de déplacés climatiques?

Au Moyen-Orient, la région du monde la plus pauvre en eau, le changement climatique pourrait faire des millions de déplacés.

En Egypte, en 2060, le changement climatique pourrait avoir emporté la moitié du secteur agricole, selon les spécialistes du climat.

En Egypte, en 2060, le changement climatique pourrait avoir emporté la moitié du secteur agricole, selon les spécialistes du climat.

AFP

Pluies rares, canicules et sécheresses: au Moyen-Orient, la région du monde la plus pauvre en eau, le changement climatique pourrait faire des millions de déplacés, charriant avec eux le risque d’une urbanisation néfaste pour l’environnement et même de conflits pour les ressources. Au quotidien, Hussein Abou Saddam, président du syndicat des agriculteurs égyptiens, le constate déjà: «des jeunes des zones rurales migrent à l’étranger ou vers les grandes villes pour travailler dans l’industrie par exemple», raconte-t-il à l’AFP.

Derrière ces départs, il y a des raisons climatiques, dit-il. Si l’Egypte souffre déjà de «sa surpopulation (104 millions d’habitants) et du fait qu’elle est un des pays les plus arides au monde», les nouveaux aléas liés au changement climatique «comme l’apparition de nouveaux parasites» ont rendu l’agriculture moins rentable, poursuit-il. Déjà, «90% des réfugiés de la planète viennent de territoires extrêmement vulnérables au changement climatique», note le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR).

216 millions de migrants

«Si les populations ne peuvent plus se nourrir ou travailler leurs terres, elles n’ont que peu d’alternatives au déplacement», explique à l’AFP Amy Pope, directrice adjointe de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). En 2021, l’augmentation des catastrophes naturelles a forcé «presque trois millions de personnes à quitter leur maison en Afrique et au Moyen-Orient», rappelle Mme Pope. «Et nous pensons que la situation ne va faire que s’aggraver».

En Egypte, en 2060, le changement climatique pourrait avoir emporté la moitié du secteur agricole, selon les spécialistes du climat. Outre «la baisse de la production» agricole, «il y a aussi l’attrait pour la ville, son mode de vie et ses services», nuance Florian Bonnefoi, chercheur rattaché au Centre d’études et de documentation économiques, juridiques et sociales (CEDEJ) au Caire. Malgré tout, pour la Banque mondiale, en 2050, si rien n’est fait, il y aura 216 millions de migrants climatiques, des familles forcées de se déplacer au sein même de leur pays, dont 19,3 millions dans les cinq pays d’Afrique du Nord.

Moins de cinq mètres au-dessus du niveau de la mer

Si cette zone est particulièrement exposée, c’est que ses côtes densément peuplées sont parmi les plus menacées par la montée des eaux: 7% des habitants y vivent à moins de cinq mètres au-dessus du niveau de la mer, selon l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed). Naturellement, les populations convergeront vers les métropoles: Le Caire, Alger, Tunis, Tripoli, le corridor Casablanca-Rabat et Tanger. Mais, prévient la Banque mondiale, ces «foyers d’immigration climatique» sont eux-mêmes vulnérables à la montée des eaux.

À Alexandrie par exemple, sur la côte égyptienne, deux millions de personnes, soit près du tiers des habitants, seront déplacées et 214.000 emplois disparaîtront si la mer monte de 50 centimètres.

(AFP)

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