Xavier Bettel sur «France 2»«Notre pays doit beaucoup à la Grande-Duchesse»
LUXEMBOURG – La Grande-Duchesse Charlotte était à l'honneur, mardi soir, dans l'émission «Secrets d’histoire», de Stéphane Bern. Retour sur un personnage symbolique de la Résistance.

Monarque adulée, souveraine d’exception, femme déterminée, courageuse et de caractère qui n'a jamais vacillé sous le poids du pouvoir. Tel est le portrait qu’a dressé Stéphane Bern lors de l’émission «Secrets d’histoire», diffusée ce mardi soir sur «France 2». L’occasion pour les téléspectateurs de suivre le destin de la grand-mère du Grand-Duc Henri et l’empreinte qu’elle a laissé dans l’histoire de ce pays. Le journaliste franco-luxembourgeois détaille la vie de celle qu’il désigne comme son héroïne, explique son accession au trône, son mariage et la dure décision qu'elle a prise en optant pour l'exil au cours de la Seconde Guerre mondiale pour éviter de devenir «le pantin des Allemands», comme l’a expliqué le Grand-Duc Henri dans l'émission.
Si le reportage faisait part du déchirement de la Grande-Duchesse qui se demandait s’il fallait rentrer au pays, citant son fameux «mon cœur me dit oui mais ma raison me dit non», il n’a pourtant fait qu’effleurer la polémique de l’abandon que ressentait une part non-négligeable de la population. Un fait dont témoigne Paul Lesch, historien luxembourgeois, intervenu dans le reportage et contacté par L'essentiel avant l'émission. «Beaucoup de personnes la voyaient d’un œil négatif lorsqu’elle est partie en exil en 1940. Mais l’opinion a changé pendant la guerre. Lorsqu’elle est revenue, en 1945, ces gens ne représentaient plus qu’une minorité dans le pays (voir vidéo ci-dessous)».
«Elle a marqué notre histoire»
L'empathie partagée sur les ondes de la BBC depuis Londres, encourageant son peuple à résister aux nazis, lui avait effectivement permis de reconquérir le cœur des Luxembourgeois. Tout comme son engagement dans les «Good Will Tours», aux côtés du président Roosevelt, sensibilisant les Américains à la menace nazie tout en œuvrant pour une intervention des États-Unis.
Un rôle de résistante qui aurait justifié son départ du Luxembourg? «Son exil n'a certainement pas nui au pays, explique Paul Lesch. Si elle a joué ce rôle politique depuis l'étranger, c'était voulu. Aurait-elle pu avoir le même impact en restant au Luxembourg? Peut-être pas». Pour l'historien-chercheur, la crainte de la chef d'État n'était pas de devenir impopulaire au Luxembourg en partant. «Sa crainte était de ne rien faire, et de voir son pays rayé de la carte, une fois les frontières redessinées après la guerre, souligne-t-il. Le fait que le gouvernement ait décidé d'utiliser la Grande-Duchesse comme figure de propagande à l'étranger était dans l'intérêt du pays».
L'importance de l'héritage
«La Grande-Duchesse Charlotte était une motivation pour continuer à donner de l’espoir à ceux qui pensaient que le pays allait capituler, intervient aussi le Premier ministre, Xavier Bettel, dans l’émission. De par son tempérament et son énergie, elle a su être une diplomate, même parmi les grandes puissances. C’est un personnage qui a marqué notre histoire et on lui doit beaucoup».
Un personnage pourtant méconnu par une grande partie des jeunes Luxembourgeois. Interrogés au hasard dans la rue par L'essentiel, nombreux avouent ignorer les actes de cette «figure de la Résistance qui a fait du pays ce qu'il est aujourd'hui». «À l'âge de 14 ou de 15 ans, il est difficile d'intéresser les jeunes au sujet, concède Paul Lesch, qui a lui-même enseigné l'histoire au lycée. Ce n'est pas un sujet qui est traité en long et en large à l'école. On traite la Seconde Guerre mondiale sur plusieurs semaines, on passe peut-être une heure de cours sur la Résistance au Luxembourg, et parfois il n'y a qu'un quart d'heure qui est consacré au rôle de la Grande-Duchesse Charlotte».
Extraits d'une vidéo montrant la population luxembourgeoise amassée devant le Palais grand-ducal après son retour de l'exil en 1945:.
(Laurence Bervard/L'essentiel)
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