Papillomavirus La vaccination est nécessaire aussi pour les garçons
Longtemps réservé aux filles, le vaccin contre les papillomavirus humains est désormais recommandé aussi pour les garçons afin de les protéger de certains cancers.

Longtemps réservé aux filles, le vaccin contre les papillomavirus humains (HPV) concerne désormais également les garçons. Une extension nécessaire à la fois pour les protéger de certains cancers et pour espérer in fine éliminer totalement ces maladies. Les HPV, abréviation anglaise pour «human papillomavirus» sont responsables de nouveaux cas de cancers, le plus souvent du col de l’utérus, de la vulve ou du vagin, mais aussi de la sphère ORL, de l’anus ou encore du pénis.
Une étude récente publiée dans «The Lancet» a montré que, à un moment donné, 31% des hommes de plus de 15 ans sont infectés par un virus de type HPV. Plus important, un homme sur cinq (21%) est porteur d’un HPV oncogène, c’est-à-dire potentiellement cause d’un cancer. Si les principaux touchés ont entre 25 et 29 ans (35%), tous les hommes sexuellement actifs sont «un réservoir important d’infections génitales par le HPV», poursuit l’étude.
«Extrêmement transmissible»
«Cette méta-analyse du «Lancet» confirme des éléments empiriques et théoriques: le virus HPV se trouve partout, il est extrêmement transmissible», a commenté Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue contre le cancer en France et médecin de santé publique. Selon le Centre international de recherche sur le cancer, cité par «The Lancet», environ 69 400 cas de cancer chez les hommes causés par le HPV ont été recensés en 2018 dans le monde.
Vacciner les garçons présente donc un premier bénéfice évident: l’injection les protège directement contre les cancers et verrues de la sphère ano-génitale (pénis et anus) pour lesquels l’efficacité du vaccin est déjà établie. Autre gain attendu: «Une protection probable contre des cancers ORL, plus fréquents chez les hommes, induits par des HPV», indique Judith Mueller, médecin épidémiologiste, professeure à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et chercheuse à l’Institut Pasteur, en France.
Renforcer la protection
Vacciner les jeunes garçons, futurs partenaires sexuels et conjoints, doit aussi permettre de diminuer le risque de transmission de ces virus. «Les garçons se contaminent avec des filles, les filles avec des garçons, et il y a des filles qui se contaminent avec des filles et des garçons avec des garçons», résume Emmanuel Ricard. «À un moment, si on veut arrêter la circulation du virus, il faut vacciner tout le monde».
Sur le plan pratique, «la recommandation vaccinale non genrée sera plus facile à promouvoir», estime Judith Mueller: «La communication n’a plus besoin d’être ciblée uniquement sur les jeunes filles, mais seulement sur les jeunes». Selon la chercheuse, vacciner les garçons est d’autant plus important que la couverture actuelle n’est aujourd’hui «pas encore optimale». Fin 2022, 48% des filles et 13% des garçons de 15 ans avaient reçu au moins une dose de vaccin.
«La vaccination des garçons aura clairement un impact sur la santé des femmes en permettant d’accélérer la réduction du risque du cancer du col de l’utérus», estime Judith Mueller. «Avec une bonne information des familles, les futures campagnes au collège ont le potentiel de hausser la couverture vaccinale chez les filles et les garçons à un niveau qui donnera une protection importante».
Milliers de cas
En France, la vaccination anti-HPV est recommandée chez les filles de 11 à 14 ans depuis 2007, et chez les garçons du même âge depuis 2021. Car chaque année dans le pays, les HPV sont responsables de plus de 6 000 nouveaux cas de cancers, le plus souvent du col de l’utérus – qui provoque 1 100 décès par an.