«Pas cette fois»: Le Luxembourg n'accueillera pas de réfugiés de Lampedusa

«Pas cette fois». L'arrivée de plus de 8 500 migrants en trois jours, sur l'île de Lampedusa, en Italie, a suscité l'émoi chez les uns, le rejet chez les autres, alors que la question de l'accueil de ces personnes dans les différents pays de l’Union européenne n'a toujours pas été tranchée.

Selon les informations transmises par le ministère des Affaires étrangères à L'essentiel, il se fera sans le Luxembourg, ce qui marque une rupture avec la politique menée depuis la crise migratoire du milieu des années 2010. «Le Grand-Duché ne pourra pas proposer de relocalisations, car nos centres d'accueil sont saturés. Nos capacités ont été multipliées par trois depuis 2015, ce qui nous a permis de nous montrer régulièrement solidaires avec l'Italie ou encore la Grèce. D'autres les ont réduites», justifie le ministère de Jean Asselborn (LSAP).

En clair, le Luxembourg invite d'autres nations de l'UE à prendre leur part, en particulier les pays de l’Est. 1 499 demandes de protection internationale avaient été introduites au Luxembourg, à la fin du mois d'août, soit plus du double du nombre de demandes enregistrées à la même période, il y a deux ans. Le taux d'occupation des centres d'accueil flirtait avec les 95% l'année dernière et se situait «autour de 80%» au début de l'été, selon l'ASTI (Association de soutien aux travailleurs immigrés).

«Des chiffres à analyser avec précaution. Des lits peuvent rester inoccupés dans certaines chambres, mais nous n'allons pas placer une personne seule avec une famille», explique le ministère.

Si tous les acteurs s'accordent sur le fait que le Luxembourg affiche presque complet, cette décision concernant les récentes arrivées à Lampedusa n'en demeure pas moins «regrettable» pour l'ASTI. Lundi soir, son coordinateur politique, Sérgio Ferreira, était encore confiant sur les efforts du Luxembourg «à jouer le jeu même en situation tendue».

«Nous ne pouvons pas avoir une solidarité à géométrie variable. Peu importent les raisons avancées, le Luxembourg devrait continuer à accueillir», rebondissait-il mardi.

Conscient du défi au niveau européen et des mécanismes de répartition «qui ne fonctionnent pas», M. Ferreira en appelle à une refonte de la réglementation mais également à des évolutions structurelles au Luxembourg: «Il faut favoriser l'autonomisation et l'accès immédiat au marché du travail, afin de favoriser l'intégration»… et libérer de la place pour les suivants. «Les communes doivent également se mobiliser en accueillant davantage de centres. Et pas toujours les mêmes».

En attendant le traitement de ces questions de fond, le ministère des Affaires étrangères indiquait mardi «travailler constamment» à l'ouverture de nouveaux locaux, sans pouvoir encore communiquer sur des projets concrets. La perspective d'une ouverture à Luxexpo The Box avant l'hiver est cependant en bonne voie.