Rentrée au Luxembourg : «Pas facile pour une famille à faibles revenus de supporter les coûts»

Publié

Rentrée au Luxembourg «Pas facile pour une famille à faibles revenus de supporter les coûts»

LUXEMBOURG – Claude Meisch, ministre de l'Éducation nationale, évoque pour L'essentiel les défis de la rentrée scolaire 2022.

Joseph Gaulier
par
Joseph Gaulier
Claude Meisch prépare une nouvelle rentrée scolaire.

Claude Meisch prépare une nouvelle rentrée scolaire.

Joseph Gaulier

Enfin une rentrée sans restrictions sanitaires, cela vous satisfait-il?

Claude Meisch, ministre de l'Éducation nationale: Les 2-3 dernières années, la pandémie nous a beaucoup occupés, il fallait toujours réagir et innover. Il a fallu travailler pour garder les écoles ouvertes et maintenir les apprentissages. Maintenant, nous sommes heureux de pouvoir planifier une rentrée sans masque, sans test. Cela permet de se reconcentrer sur les aspects pédagogiques.

Les écoles sont-elles prêtes à réagir en cas d’aggravation?

Je pense que l’on ne verra pas de nouvelles fermetures d’écoles, avec apprentissages à distance. Nous pouvons imaginer le retour de l’obligation du masque ou des tests, mais cela n’aurait pas d’impact majeur. Jusqu’à présent, cela n’est pas nécessaire.

Les coûts de la rentrée sont-ils toujours supportables pour tout le monde?

Il est évident qu’il n’est pas facile pour une famille à faibles revenus de supporter l’explosion des coûts. Les mesures de gratuité que nous avons mises en place, pour la musique ou les maisons relais, aideront ces foyers. Il n’y a pas d’aides prévues à ce stade, mais le sujet sera abordé lors de la tripartite.

L’école se numérise. Est-ce une bonne chose ou doit-on aussi rester fidèle au papier?

J’espère que nous continuerons toujours d’apprendre à écrire à la main, cela fait partie de notre culture. Beaucoup d’aides techniques sont disponibles, mais la calculatrice ne nous a pas empêchés de continuer à calculer. Il est important de maîtriser l’écriture. Il y a des avantages pédagogiques et didactiques aux écrans. Mais bien évidemment, il existe aussi des risques, car il n’est pas bien que des jeunes soient trop exposés aux tablettes. Il ne faut pas les laisser jouer toute la journée.

Y a-t-il assez d’enseignants?

Il y en a assez pour cette rentrée, mais cela reste un défi. Comme dans d’autres pays ou dans d’autres secteurs au Luxembourg, y compris publics. Nous avons lancé des initiatives pour former plus d’enseignants et d'éducateurs. Il faut aussi réfléchir sur l’image de ces professions. Si on les critique trop, nous nous retrouverons un jour sans enseignant devant les élèves.

Le métier est-il toujours attractif?

Il faut motiver les jeunes. Le salaire est bon, les conditions de travail sont bonnes. Mais le marché du travail a beaucoup changé. Avant, on accomplissait toute sa carrière au même endroit, aujourd’hui on change souvent. Or, la carrière d’enseignant est très programmée, avec peu d’opportunités d’évoluer, ce qui rebute des jeunes. Il faut s’ouvrir à des gens qui ont fait d’autres études, mais aussi réfléchir à des développements professionnels pour les enseignants. Nous avons créé d’autres fonctions dans le système éducatif. Certains travaillent par exemple sur les manuels et les programmes.

Qu’est-ce qui est prévu contre le harcèlement scolaire?

Nous avons travaillé sur la santé mentale, mais il y a encore des adaptations législatives à faire, de même que des investissements dans des ressources humaines. Nous ne pouvons pas totalement éviter le harcèlement, souvent peu visible. Il y a des formations supplémentaires à faire pour les agents. Un Child Protection Officer sera aussi nommé. J’espère que tout cela pourra changer d’ici un an.

Quels dossiers reste-t-il à traiter d’ici la fin de la législature?

L’obligation scolaire portée de 16 à 18 ans permettra d’éviter que certains ne fassent rien. L’employabilité diminue au fil des années, de même que la faculté à retrouver une formation. Mais il faut aussi des structures d’apprentissage en alternance pour ceux qui en ont marre de l’école. Ceux qui décrochent à 16-17 ans ont souvent autre chose qu’un problème scolaire: psychologique, familial, etc. Un autre projet de loi va réformer l’accueil des primo-arrivants. Car il ne suffit pas de leur proposer une chaise, ils ont besoin d'un programme adapté, notamment au niveau des langues.

9 commentaires