Pervez Musharraf quitte le pouvoir
Le président pakistanais, sous la menace d’une procédure de destitution lancée par la coalition gouvernementale, a annoncé lundi matin qu’il allait quitter la pouvoir.

Pervez Musharraf quitte le pouvoir, qu'il avait pris par la force il y a 9 ans. (afp)
Au sommet de son impopularité, l'ancien membre des commandos d'élite arrivé à la tête de l'unique puissance nucléaire militaire du monde musulman en octobre 1999, à la faveur d'un putsch sans effusion de sang, a finalement cédé face à ses adversaires politiques.
Et sans doute aussi face à la faiblesse des soutiens que lui ont témoignés ces derniers temps l'armée et, surtout, les États-Unis, dont il était jusqu'alors l'allié-clé dans leur "guerre contre le terrorisme" islamiste. Ces derniers lui reprochaient de plus en plus de n'avoir pas su efficacement lutter contre la présence d'Al-Qaïda et des talibans dans les zones tribales du nord-ouest du pays.
Élections remportées par l'opposition
"Après avoir considéré la situation et consulté divers conseillers en droit et alliés politiques, sur leurs conseils, j'ai décidé de démissionner", a déclaré le chef de l'État dans un discours télévisé à la Nation. "Je laisse mon avenir dans les mains du peuple", a-t-il ensuite lâché, la mine très sombre, au terme d'un discours dans lequel il a âprement défendu son bilan et accusé la coalition gouvernementale, de saper les fondements de la République Islamique du Pakistan, peuplée de 160 millions d'habitants.
Le gouvernement avait annoncé dimanche qu'il déposerait en début de semaine devant le Parlement une procédure de destitution contre l'ancien général. Ces dernières avaient été largement remportées d'abord par le parti de l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, assassinée fin décembre dans un attentat-suicide, puis par celui de l'ancien chef du gouvernement Nawaz Sharif, évincé du pouvoir le 12 octobre 1999 lors du putsch du général Musharraf.
Éventuel exil rejetté par les proches de Musharraf
Depuis la formation du gouvernement en mars, la coalition ne parvenait cependant pas à s'entendre sur son sort, M. Sharif retirant même les ministres de son parti en accusant celui de Mme Bhutto de renoncer à évincer le chef de l'État.
Son retrait pourrait d'ailleurs ne pas mettre fin aux divergences entre les différents piliers de la coalition, craignent nombre d'analystes et éditorialistes.
Plusieurs proches de M. Musharraf ont exclu l'idée d'un exil et les médias pakistanais s'interrogeaient dès lundi sur un éventuel "marché" passé pour lui éviter des poursuites judiciaires, en échange de sa démission. Jusqu'au dernier moment pourtant, M. Musharraf avait fait savoir qu'il n'avait nullement l'intention de lâcher le pouvoir.
Pression des États-Unis
Dans les rues des grandes villes du pays, de nombreux Pakistanais sont descendus dans les rues à l'annonce de la démission en dansant et chantant des slogans hostiles à M. Musharraf. Ce dernier part cependant au moment où le pays est en proie à une terrible crise économique et à une vague d'attentats islamistes sans précédent, qui a fait plus de 1 200 morts en un peu plus d'un an.
Le nouveau gouvernement, sous la pression intense de Washington, a lancé depuis un mois une importante offensive contre les talibans et Al-Qaïda dans les zones tribales du nord-ouest, où les États-Unis estiment que le réseau d'Oussama Ben Laden a reconstitué ses forces.
lessentiel.lu avec afp
Dans l'attente de l'élection de son successeur, par le Parlement et les assemblées provinciales, le président du Sénat, Mohammedmian Soomro, assurera la présidence par intérim. Le prochain chef de l'État sera issu du parti de Benazir Bhutto, a promis dès lundi son fils, co-président du mouvement.