Au Luxembourg: Philippe Thill, l'apiculteur qui insémine les abeilles

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Au LuxembourgPhilippe Thill, l'apiculteur qui insémine les abeilles

ROESER – À bientôt 30 ans, Philippe Thill pratique l’insémination artificielle d’abeilles reines. Une rareté et un véritable travail d’orfèvre.

Yannis Bouaraba
par
Yannis Bouaraba

Vincent Lescaut

Dans un jardin d’une maison individuelle du village de Bivange, des milliers d’abeilles bourdonnent autour de dizaines de peuplements installés sur des tables. «Approchez, vous ne risquez rien. Restez naturel, ne faites pas de mouvements brusques!», lance Nico Kalmes. Apiculteur depuis 1986, Nico élève des abeilles mâles. Un peu plus loin, dans une petite salle aménagée, Philippe Thill travaille à l’aide d’un microscope, sous la supervision du docteur Fransizka Fischer, vétérinaire venue tout droit de Berlin.

Le jeune homme, qui fêtera bientôt ses trente ans, pratique l’insémination d’abeilles pour la deuxième fois en un an. L’objectif est de préserver la pureté de la race Buckfast, afin d’éviter les croisements et ainsi conserver les caractéristiques de cette espèce.

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Vincent Lescaut

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Il tient un mâle entre ses doigts et, à la suite d’une pression sur l’abdomen de l’insecte, il fait sortir un liquide, au bout duquel se trouve le sperme, qu’il prélève à l’aide d’une minuscule pipette. Le geste de haute précision demande calme et minutie. Plus tard, le sperme sera inséminé dans une reine endormie au dioxyde de carbone et qui sera réintroduite dans sa ruche.

«Des jeunes de son âge capables de faire ça, il n’y en a pas beaucoup», assure Nico, son maître d’apprentissage. Les deux hommes se sont connus il y a 6 ans, quand Philippe rencontrait des problèmes avec ses deux premières ruches. L’idée a germé dans son esprit lorsqu’il a vu un de ses amis construire une ruche à sa petite amie.

Vincent Lescaut

«J’ai commencé par de l’apiculture. Puis j’ai rencontré Nico qui m’a transmis la passion de l’élevage, et le docteur Fischer m’a encouragé à commencer l’insémination», ajoute Philippe. Aujourd’hui, ils forment un petit groupe d’apiculteurs passionnés. Nico élève les mâles, qu’il prépare 44 jours avant l’insémination. Philippe produit des cellules de reines qui naissent quelques jours avant l’insémination.

Cette année, en deux jours, une centaine de reines auront été inséminées. Entre 15 et 25 mâles sont nécessaires pour féconder une reine. Cinq jours plus tard, la reine pondra les premiers œufs. Jusqu’à 2 000 par jour, et ce, tout au long de sa vie.

Vincent Lescaut

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