En FrancePhoto trompeuse: «Le policier n’était pas en feu»
Un cliché réalisé samedi lors d’une manifestation à Paris semble montrer un gardien de la paix en proie aux flammes. Les réactions ont fusé mais l’image est trompeuse.

Le rédacteur en chef investigation numérique de l’AFP regrette que la photo n'ait pas été publiée avec son contexte.
L’image a marqué les esprits et provoqué une pluie de réactions outrées sur les réseaux sociaux. Prise samedi lors de la manifestation anti-loi sécurité globale à Paris, elle montre un groupe de policiers acculés par un Black bloc. Sur ce cliché réalisé par Anne-Christine Poujoulat, photographe de l’AFP, l’un des gardiens de la paix semble être en feu. Les réactions indignées de responsables politiques et de syndicats ont fusé sur Twitter, relate le Huffington Post.
«Terribles photos et notamment celle d’un policier en feu visé par ceux qui veulent détruire nos institutions», a notamment écrit le syndicat Officiers et Commissaires de police.
«L’ensauvagement de certains est une réalité de notre société», a réagi pour sa part écrit Bruno Questel, député de La République en marche, éludant le fait que l’immense majorité des manifestants étaient pacifiques. «Ils veulent tuer des flics», a estimé de son côté le sénateur Républicain Bruno Retailleau. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a, lui, fustigé ceux qui relativisent «les attaques contre les policiers».
Or, comme le montrent des vidéos tournées à ce moment-là (voir ci-dessous) et le confirment des témoignages, cette photo est trompeuse. Sur ces images, on peut constater qu’un Black bloc lance un engin aux pieds des policiers et qu’il explose. Cependant, les flammes disparaissent immédiatement et ne semblent toucher personne. Ce qui n’enlève bien sûr rien à la violence de certaines attaques subies par les forces de l’ordre samedi.
«On n’aurait pas dû diffuser sur Twitter cette photo sans sa légende»
«Ça a été extrêmement furtif. J’ai vu quelque chose qui m’a attirée mais je ne me rappelle plus précisément quoi, j’ai appuyé sur le bouton et là j’ai vu les flammes sur l’image sur mon boîtier. Le policier n’était pas en feu mais j’ai l’impression qu’on lui a lancé quelque chose dont il s’est protégé avec son bouclier», raconte au Parisien l’autrice du cliché. «On n’aurait pas dû diffuser sur Twitter cette photo sans sa légende», sans «la contextualiser davantage», a regretté dimanche le rédacteur en chef investigation numérique de l’AFP, Grégoire Lemarchand.
Selon le journaliste Clément Lanot, auteur d’une des vidéos de la scène, l’incident est survenu environ une heure après le début de la manifestation, rapporte le quotidien. «Très rapidement la situation a dégénéré, on a pu voir des policiers qui ont reçu des bouteilles et des feux d’artifice», explique-t-il. D’après lui, le projectile jeté aux forces de l’ordre n’était pas un cocktail Molotov. «Probablement un déodorant avec un pétard qui explose», estime-t-il.
D’après le bilan du ministère de l’Intérieur, 67 policiers ou gendarmes ont été blessés lors des manifestations dans différentes villes de France.
(L'essentiel/joc)