En Inde: Pilote de ligne, Zoya Agarwal veut «donner des ailes» aux femmes

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En IndePilote de ligne, Zoya Agarwal veut «donner des ailes» aux femmes

La commandante de bord d'Air India Zoya Agarwal, issue d'une modeste famille de Delhi qui s'opposait à son projet de devenir pilote, s'est «accrochée à son rêve».

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La commandante de bord d'Air India, Zoya Agarwal, issue d'une modeste famille de Delhi qui s'opposait à son projet de devenir pilote, s'est si bien «accrochée à son rêve» qu'elle veut désormais se battre pour «donner des ailes» aux femmes.

La commandante de bord d'Air India, Zoya Agarwal, issue d'une modeste famille de Delhi qui s'opposait à son projet de devenir pilote, s'est si bien «accrochée à son rêve» qu'elle veut désormais se battre pour «donner des ailes» aux femmes.

AFP
Au début des années 2000, «quand j'ai débuté, je faisais partie d'une petite poignée de femmes pilotes», déclare à l'AFP la commandante de bord, aux longs ongles multicolores, comptant plus de 10 000 heures de vol à son actif.

Au début des années 2000, «quand j'ai débuté, je faisais partie d'une petite poignée de femmes pilotes», déclare à l'AFP la commandante de bord, aux longs ongles multicolores, comptant plus de 10 000 heures de vol à son actif.

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«Je suis née à une époque où l'on attendait des filles en Inde qu'elles se marient, qu'elles aient des enfants et qu'elles s'occupent de leur famille», raconte-t-elle. Mais il était hors de question pour elle de se plier à ce modèle.

«Je suis née à une époque où l'on attendait des filles en Inde qu'elles se marient, qu'elles aient des enfants et qu'elles s'occupent de leur famille», raconte-t-elle. Mais il était hors de question pour elle de se plier à ce modèle.

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Au début des années 2000, «quand j'ai débuté, je faisais partie d'une petite poignée de femmes pilotes», déclare à l'AFP la commandante de bord, aux longs ongles multicolores, comptant plus de 10 000 heures de vol à son actif. «12,4% des pilotes en Inde sont des femmes, c'est le plus fort taux au monde», poursuit-elle, «pourtant, je ne serai pas satisfaite tant que ce pourcentage n'aura pas atteint 50%».

À peine 5,8% des pilotes professionnels dans le monde sont des femmes, selon l'étude de la Société internationale des femmes pilotes publiée l'an dernier. «C'est un travail basé sur les compétences», fait-elle valoir, «dès que j'entre dans le cockpit, il n'y a plus ni homme ni femme. Je suis pilote, c'est tout». «C'est en tant que tel que je suis respectée et respecte mes compagnons d'aviation», ajoute-t-elle, ajustant ses galons sur sa chemise blanche, après s'être fardée.

«Je suis née à une époque où l'on attendait des filles en Inde qu'elles se marient»

Zoya Agarwal

Le 10 janvier 2021, avec un équipage entièrement féminin, elle a piloté le plus long vol commercial sans escale (plus de 17 heures), jamais réalisé par une compagnie indienne. Ce vol inaugurait la route d'Air India reliant San Francisco à Bangalore, en passant par le Pôle Nord. Peu après, l'agence des Nations unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, a fait de Zoya Agarwal une de ses porte-flambeaux.

Ayant grandi dans une humble famille de Delhi, «très, très conservatrice», elle a aussitôt pris ce rôle à cœur. «Je veux aider les femmes à s'émanciper, leur donner des ailes», assure la pilote. «Je suis née à une époque où l'on attendait des filles en Inde qu'elles se marient, qu'elles aient des enfants et qu'elles s'occupent de leur famille», raconte-t-elle. Mais il était hors de question pour elle de se plier à ce modèle.

«Ma mère a pleuré»

«À 8 ans, j'allais m'asseoir sur la terrasse (...) et regardais le ciel en me demandant comment toucher toutes ces étoiles», dit-elle, quelques heures avant de décoller pour New York. «J'ai toujours voulu déployer mes ailes et m'envoler». Qu'une fille puisse avoir une «pensée aussi folle» était inadmissible. «Ma mère a pleuré la première fois que je lui ai dit que je voulais devenir pilote, en se lamentant: ''Pourquoi Dieu nous a-t-il donné une fille dysfonctionnelle?''», poursuit-elle. Ses parents espéraient simplement la «marier à un garçon convenable».

Elle travaillait d'arrachepied, toujours en tête de classe. Elle a étudié, souvent en pleine rue, à la lumière des réverbères. «À la nuit tombée, nous n'avions pas d'électricité». Son père, tout de même épaté, l'a autorisée à poursuivre ses études universitaires. «Ils pensaient que j'oublierais mon rêve. Et que je finirais probablement par faire autre chose».

Aux commandes du Boeing 777, son «premier amour»

Elle a décroché simultanément sa licence scientifique et son diplôme de cours théoriques d'aviation, payés avec ses économies accumulées depuis l'enfance. Restait la formation au pilotage, la plus coûteuse. Elle a eu besoin de l'aide de ses parents qui, à ce moment crucial, n'ont pas pu la lui refuser. En formation aux États-Unis en 2001, elle commençait à voler quand, se souvient-elle, les attentats du 11 septembre «ont changé l'aviation pour toujours».

«Je me suis toujours assurée de travailler deux fois plus dur», affirme-t-elle, «j'étais consciente d'ouvrir la voie aux femmes dans l'aviation indienne». En 2013, elle devint la plus jeune femme du monde à piloter un Boeing 777. «Le B777 était le plus gros avion de ligne du monde, le bimoteur commercial le plus puissant», s'enflamme-t-elle, «c'était un rêve de le piloter». La technologie a depuis progressé mais, confie-t-elle, «c'est mon premier amour».

Deux ans plus tard, «une sorte de révélation» la pousse à se faire tatouer «Born to fly» («née pour voler»), en lettres noires sur l'épaule droite: «J'étais enfin parvenue à ma vraie place». Mais la dame rêve encore, souhaitant un jour créer sa société de taxi aérien et «guider les femmes» dans le secteur de l'aviation, dit-elle, en «leur offrant de l'emploi et un meilleur accès à des positions élevées».

(AFP)

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