«Pistolet sur le genou», pressions, le calvaire de l'ombre de Kanté

«Pour sa santé mentale, ce serait mieux qu'il stoppe le foot pas trop tard». Cette observation d'un membre de l'entourage de N'Golo Kanté témoigne des moments compliqués traversés par l'un des footballeurs préférés des Français. Décrit par ceux qui l'ont croisé comme une personne simple, pieuse, généreuse, ne recherchant pas la lumière, mais surtout profondément bonne, l'international français serait également un homme «triste».

Triste car des connaissances l'ont entraîné, contre son gré, dans de sombres règlements de compte entre «agents» officieux, certains liés au banditisme, tournés vers un seul objectif: faire le maximum d'argent possible sur le talent du gamin de Rueil-Malmaison, en région parisienne. Dans une vaste enquête intitulée «Qui veut du mal à N'Golo Kanté?», parue jeudi, France Football raconte les moments traumatisants vécus par le champion du monde, comme lorsqu'un braqueur l'a emmené de force dans une voiture, avant de placer un pistolet sur son genou pour lui intimer de «changer d'agent». Une terrible anecdote qui rappelle en tout point l'affaire Pogba, son coéquipier du milieu de terrain en Bleu.

Le magazine français a remonté le fil de son histoire, des terrains de la JS Suresnes, sur lesquels le petit N'Golo brillait, jusqu'à son ascension de Boulogne-sur-Mer à Chelsea. Avec à chaque transfert des aubaines financières pour des voisins ou connaissances passés de la délinquance à l'activité d'agent dans le milieu du football. «Au fil des années, des gens sont apparus dans sa vie et lui tournent autour comme des vautours», explique un ancien coéquipier.

Le seul tort de N'Golo Kanté? Ne pas avoir su dire non, ou avoir cédé à la pression de personnes cupides. Loin d'être candide ou crédule, le N°13 aux 53 sélections en équipe de France a bien compris qu'il devait prendre ses distances pour trouver une vie paisible. D'où son départ à Londres et son refus catégorique d'évoluer au PSG, expliquent nos confrères. Huitième au Ballon d'or en 2017, il est le seul champion du monde à ne pas avoir présenté le trophée dans sa ville d'origine, préférant la jouer profil bas…

Un temps inquiet pour sa sécurité et celle de ses proches, Kanté a longtemps souffert de cette épée de Damoclès, ce qui pourrait expliquer les graves problèmes physiques qui l'ont notamment privé de la dernière Coupe du monde (NDLR: N'Golo Kanté était de retour cette semaine à l'entraînement collectif après sept mois sans jouer). Sept ans après son transfert à Chelsea, les «agents» impliqués sont toujours en charge de ses intérêts – l'un d'entre eux poursuit une belle carrière dans la profession – et le joueur tente tant bien que mal de trouver une sérénité qu'il n'a jamais vraiment connue au sein de cet entourage professionnel toxique.

Interrogé par FF, Kanté a été égal à lui même, poli et peu enclin à se plaindre. Le footballeur de 32 ans a nié les mésaventures détaillées ci-dessus: «Tout va bien, merci, il ne se passe rien».