Place financière – «Plafonner les salaires serait déraisonnable»

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Place financière«Plafonner les salaires serait déraisonnable»

LUXEMBOURG - Les banques et les grandes entreprises redoutent un impact sur la compétitivité du pays si les hommes politiques décidaient de limiter les très hauts salaires.

L'idée de réglementer les hauts salaires serait complètement saugrenue, d'après l'ABBL.

L'idée de réglementer les hauts salaires serait complètement saugrenue, d'après l'ABBL.

«Si les hommes politiques venaient à plafonner les hauts salaires des patrons au Luxembourg, cela pourrait avoir des conséquences négatives sur l’économie du pays», alerte Jean-Jacques Rommes, directeur de l’Association des banquiers et des banques au Luxembourg (ABBL), contacté par L’essentiel Online. «Les hommes politiques luxembourgeois n’ont aucune idée de quoi ils parlent et certaines de leurs déclarations sont complètement aberrantes. Il n’y a chez nous aucune nécessité de réglementer les salaires et il est faux de prétendre que les rémunérations sont disproportionnées par rapport aux performances».

Pour lui, la situation n’est aucunement comparable au malaise perçu en Suisse: «Il y avait des cas très précis d’excès de rémunérations, notamment chez UBS, une banque remise à flot par l’État, et chez Novartis. Au Grand-Duché, les proportions ne sont pas comparables et ne justifient pas une intervention politique dans la structure salariale des entreprises». Par ailleurs, le directeur de l’ABBL met fortement en garde contre une réglementation en dehors du cadre européen: «La bonne santé économique, telle que nous l’avons connue jusqu’à présent, est liée à l’attractivité du pays et au bon niveau des salaires. L’idée de limiter les rémunérations est complètement déraisonnable».

Pas d’impact au Grand-Duché

Un constat que partage Pierre Bley, directeur de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL): «Le Luxembourg est tributaire du savoir-faire étranger. Dans de nombreuses branches, nous ne disposons tout simplement pas des personnes hautement qualifiées. Si une entreprise veut être à la pointe, elle doit offrir des salaires élevés. Sinon, elle peut remballer et verra ses rêves se dissiper».

Si la crainte des banquiers et des entrepreneurs est compréhensible, elle n’est pas forcément justifiée, indique Arnaud Bourgain, économiste auprès du Centre de recherche en économie appliquée de l’Uni: «Comme la volonté de plafonner les rémunérations excessives s’inscrit dans une tendance européenne, je ne vois pas de risques de fuites de cerveaux. Je ne pense pas que l’économie du pays en pâtirait. La fiscalité reste quand même très attractive dans le pays et cela continuera à attirer les étrangers aux hauts postes», conclut-il.

(Laurence Bervard/ L'essentiel Online)

L'UE veut réglementer les bonus

Un éventuel plafonnement des hauts salaires n’est pas à confondre avec la limitation des bonus prévue par l’UE. M. Rommes, de l’ABBL, indique que chez nous très peu de banquiers seront affectés par cette mesure. «Au Luxembourg, nous ne comptons que très peu de personnes qui touchent un bonus équivalent à 100% de leur salaire annuel. D’ailleurs, la CSSF (NDLR: Commission de surveillance du secteur financier) règlemente déjà très strictement l’octroi de bonus dépassant les 100 000 euros annuels».

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