Téléphonie en Europe – Plus que quelques jours avant la fin du roaming

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Téléphonie en EuropePlus que quelques jours avant la fin du roaming

Les frais d'itinérance vont (enfin) disparaître jeudi dans l'Union européenne, une décision qui va affecter un secteur déjà très concurrentiel.

Longtemps une importante source de revenus pour les opérateurs de télécommunications, les frais d'itinérance disparaîtront le 15 juin dans l'Union européenne.

Longtemps une importante source de revenus pour les opérateurs de télécommunications, les frais d'itinérance disparaîtront le 15 juin dans l'Union européenne.

AFP

Le 15 juin, soit ce jeudi, les frais d’itinérance - souvent appelée «roaming» - auront disparu dans l'Union européenne. La Commission européenne estime que cela devrait représenter une perte de 1,2 milliard d'euros pour l'ensemble des opérateurs européens. Ce marché représente 4,7 milliards d'euros par an, selon un rapport l'organe des régulateurs européens des télécoms, le BEREC. Mais la part de l'itinérance dans l'activité a largement reculé ces dernières années car les prix des appels et SMS ont baissé de 90% depuis 2007, alors que ceux des données ont chuté de 96% depuis 2012 pour un trafic multiplié par 100, selon l'UE.

«L'itinérance, intra et extra-européenne, c'est environ 5% du chiffre d'affaires des opérateurs en moyenne. Mais l'impact est différent selon qu'on parle du marché entreprise ou du grand public», explique Sylvain Chevallier, spécialiste télécoms chez BearingPoint, société de conseil européenne. Selon Victor Marçais, spécialiste des télécoms et médias chez Roland Berger, «ce ne sera pas un choc pour les opérateurs, les discussions avancent depuis plusieurs années et les effets ont pu être largement anticipés». «Si les opérateurs ne sont pas prêts, ce sera plus de leur faute qu'autre chose», abonde Dexter Thillien, analyste chez BMI Research. Difficile de savoir exactement ce que la fin de l'itinérance représentera pour les opérateurs qui ne publient plus leurs recettes en la matière.

Les pays du sud voulaient les prix les plus élevés

Dans les faits, la situation varie fortement d'un pays à l'autre, entre ceux qui profitent des revenus liés au tourisme, principalement le sud de l'Europe (tels que le Portugal ou la Grèce), quand d'autres sont moins concernés, au nord. «Sans grande surprise, les pays du sud voulaient les prix les plus élevés, ceux du nord voulaient l'inverse. Au final, on voit un accord européen typique, avec du donnant donnant, où personne n'est totalement gagnant mais chacun obtient un peu», détaille Dexter Thillien.

Ainsi, le prix du Gigaoctet (Go) est pour l'instant fixé à 7,70 euros, puis il déclinera jusqu'en 2022, avec cependant la possibilité pour un opérateur d'appliquer une surcharge, en accord avec son régulateur, si la perte liée à l'itinérance dépasse les 3% de son bénéfice net annuel. «Les consommateurs vont prendre l'habitude de consommer de la donnée en Europe et seront du coup sans doute également enclins à le faire en dehors également, cela peut compenser une partie des pertes», estime cependant Sylvain Chevallier.

C'est également le pari fait par la Commission européenne, qui a pour objectif de stimuler l'économie numérique en Europe par les usages et les services. Les prix baissent, mais la consommation augmente. Le gain seront donc normalement là pour les opérateurs.

(L'essentiel/AFP)

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