Inégalités dans le sportPrivée de Vendée Globe, car maman
Avoir eu un enfant pénalise la navigatrice Clarisse Crémer. Ayant peur qu’elle ne soit pas prête, son sponsor la lâche pour le prochain Vendée Globe.
- par
- Lauren Cavin-Hostettler

La navigatrice Clarisse Crémer déplore que les nouvelles règles du Vendée Globe interdisent à une femme d’avoir un enfant.
Elle a bouclé un tour du monde en solitaire à la voile en 87 jours, 2 heures, 24 minutes et 25 secondes, en 2020, devenant la femme la plus rapide du Vendée Globe. Pourtant Clarisse Crémer ne pourra pas prendre le départ de la prochaine édition, en 2024. La raison? Elle est devenue maman.
Assumer des risques, mais pas la maternité
«Malgré ma volonté constante, je ne serai pas au départ du Vendée Globe 2024», a annoncé la navigatrice, le 2 février, confiant être sous le choc de cette décision, prise par son sponsor Banque Populaire. «Les règles du Vendée Globe pour l’édition 2024 imposent à tous les skippers une concurrence basée sur le nombre de milles parcourus en course», explique-t-elle.
Alors qu’elle a accouché en novembre d’une petite fille, son sponsor a mis fin à leur partenariat, car il craint qu’elle ne puisse pas être sur la ligne de départ en novembre 2024 alors qu’elle a terminé le précédent tour du monde. «Ils sont prêts à assumer le risque d’un trimaran géant et tous les aléas naturels, techniques et humains liés à la course au large, mais visiblement pas celui de la maternité». Elle a pourtant d’autres projets et se sentait prête à se remettre à l’entraînement avec le Vendée Globe comme objectif.
«On est à 0 mille et ceux qui sont devant nous ont a minima 2 600 milles (4 100 km) et ont l'intention de faire les mêmes courses que nous... On ne les rattrapera jamais», a argumenté Ronan Lucas, directeur du Team Banque Populaire lors d’une conférence de presse, le 2 février, précisant que le marin qui remplacera Clarisse Crémer sera connu dans quelques jours.
Quelle égalité?
«Que signifie l’égalité pour les femmes? Se comporter en tout point comme les hommes et donc surtout ne pas être enceinte?» La jeune femme de 33 ans regrette ces nouvelles règles qui pénalisent les femmes: «Les règles d’une compétition sont censées garantir l’équité et l’esprit sportif. Aujourd’hui, force est de constater que les règles choisies par le Vendée Globe interdisent à une femme d’avoir un enfant, quand bien même elle serait une sportive reconnue, déjà finisseuse de l’édition précédente. Au XXIe siècle, à qui veut-on faire croire que de telles règles seraient équitables?»