Quand une plaque d'aggloméré devient «remarquable boiserie»
DIFFERDANGE - Moisie de la cave au plafond, une bâtisse pourrait être classée et torpiller un gros projet immobilier.
Joseph Dammé tapote l'aggloméré peint en jaune, sous un grand miroir. «Et ça, ce devrait être de "remarquables boiseries"!». Ironique, le président de la Fabrique d'Église rigole. Depuis plus de deux ans, l'association et les Œuvres paroissiales tentent de vendre des bâtiments qui leur appartiennent. Car le tout est rongé de moisissures et les bénévoles ne peuvent plus l'entretenir.
Mais situés rue Saint-Nicolas, à 200 mètres du centre de Differdange, les immeubles atteignent le million d'euros. Plusieurs promoteurs sont intéressés. Tout aurait donc dû bien se passer.
Mais juste avant la vente, la secrétaire d'État à la Culture, Octavie Modert, propose de classer le principal bâtiment. La raison: «les riches et remarquables ornements de stucs, les boiseries et parquets». Une hérésie selon les propriétaires et la mairie.
Dans une lettre incendiaire à Octavie Modert, mercredi, l'échevin à l'urbanisme, Jean Lorgé, l'accuse de vouloir torpiller le renouveau du centre-ville. Le bâtiment classé, il devient quasi impossible de réaliser le projet d'une trentaine d'appartements, de supérette, de parking, de galerie marchande et de bureaux.
En sous-main, la guerre paraît toute politique. D'après une source proche du dossier, le Fonds du logement avait proposé de racheter le bâtiment, mais son projet n'avait pas été retenu. Il aurait alors appelé la Commission des sites et monuments nationaux pour bloquer la vente. Octavie Modert, partie à Chypre, n'a pas voulu se prononcer.
Isabelle Hartmann